14 novembre 2016
“Que philosopher, c’est apprendre à mourir…” (Montaigne)
à tous ceux qui travaillent pour le divin.
En cette pleine lune spéciale du 14 novembre 2016, dans un contexte mondial chaotique, avant de poursuivre les deux prochains volets sur la paranoïa, je crois essentiel de revenir à la notion d’âme, et à son caractère central.
Si l’on n’approche pas cette dimension de l’âme, toute la compréhension – à mon sens majeure – de ce qui se passe aujourd’hui, en termes de combat dans l’humanité, échappe à la conscience.
Or, connaître et comprendre participent à la libération des individus.
Il est donc nécessaire que je fasse un petit interlude sur le sujet.
Car s’il existe un génocide linguistique, sémantique, sémiologique, philosophique, depuis le XIXe siècle, c’est bien celui du mot « âme », avec l’éviction des spiritualistes qui le nomment.
Et ce n’est pas le fruit du hasard
Le récent dogme matérialiste a, ni plus ni moins, conduit à éradiquer la notion d’âme, en un temps record, ce qui rend de fait les personnes plus manipulables et aliénables.
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme… »
Pour approcher la notion, commençons donc par une citation célèbre du poète Lamartine :
« Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? »
Que nous dit Lamartine ?
Que les objets n’ont pas d’âme, et que les humains en ont une.
L’âme est un souffle de vie qui anime le corps, l’enveloppe terrestre.
Le principe qui meut le corps, qui l’anime, c’est ce que l’on appelle « âme ».
En philosophie, elle est apparentée à l’« esprit ».
L’éminent philosophe et mathématicien Bergson s’interrogeait d’ailleurs sur les relations entre l’âme et le corps, la survie de l’âme après la mort, sur les fantômes, parlait d’« énergie spirituelle », pour parler du souffle qui anime le corps, et je renvoie à la préface que j’ai écrite sur le sujet.
"Bergson compare l’activité de la conscience à une symphonie, quand l’activité cérébrale se réduit aux « mouvements du bâton du chef d’orchestre » : « la vie de l’esprit déborde de même la vie cérébrale ».
Telle est la réponse que la philosophie de Bergson pourrait apporter à ceux qui nieraient en bloc l’existence de la vie psychique, et voudraient réduire l’être humain à une activité strictement neuronale.
La vie psychique ne saurait s’appréhender avec les outils mesurant l’activité cérébrale. L’esprit n’est pas le mental.” (A. Bilheran, préface).
La psychologie ou « science de l’âme »
Faut-il rappeler que la « psychologie » signifie « science de l’âme » ?
L’âme est, en grec ancien, la psychè, ce qui signifie, en clair, que la psychologie traite de ce qui relève de l’âme.
Une âme qui s’est perdue dans la matière profane (le réel, ses contraintes, ses limitations, ses souffrances), et tente de se débattre pour exister et faire exister sa dimension transcendante, ce qui lui engendre de la souffrance.
La matière profane, c’est aussi le monde de la dualité, du bien et du mal, la planète terre étant celle du libre-arbitre (capacité de choisir entre le bien et le mal, pour chacune de ses actions).
Donc, qu’est-ce qu’une souffrance psychique ?
La souffrance d’une âme qui ne parvient pas à trouver sa place ici-bas, en faisant des choix justes pour elle, qui subit le mal (violences, transgressions, destructions, etc.), qui ne parvient pas à exister en harmonie avec la matière (l’environnement, autrui, son travail, sa famille etc.).
C’est ce que l’on nomme, en psychanalyse, le « conflit psychique ».
Ce conflit est la manifestation d’une disharmonie, et peut se manifester également dans la douleur corporelle.
Je ne discuterai pas ici de savoir si le bien et le mal existent, ces catégories ne sont pas relatives à mon sens (cf. définition infra) ; en revanche, l’on peut discuter sur la complexité de leur manifestation ici sur terre.
En cela, la psychothérapie rejoint la spiritualité, car il s’agit de se ré-associer, de transcender le conflit, de se réunifier, et pour ce faire, de vaincre les “démons” en soi.
Les religions ne parlent pas d’autres choses, et le djihad c’est le combat contre ses propres démons intérieurs !
C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve le mythe du Minotaure bien compris, les douze travaux d’Hercule etc.
Cette initiation existe en Occident depuis la plus haute Antiquité, l’Égypte et la Grèce. On la rencontre dans les écrits de Pythagore, de Platon, de Plotin, de Marsile Ficin, pour citer les plus grands.
Voilà le vrai travail psychique qu’il y a à faire, et sur lequel tous les sages ésotéristes de haut niveau depuis l’Antiquité ont insisté.
Or, pour cela, il faut reconnaître l’existence de l’âme, c’est-à-dire d’une conscience supérieure propre à chacun, avec laquelle on doit travailler à s’aligner, pour la faire vivre ici-bas, sous peine de souffrances psychiques majeures.
Par exemple, celui/celle qui trahit son meilleur ami par ambition professionnelle n’aura pas respecté cette conscience supérieure.
Celui/celle qui se tait devant des exactions n’aura pas respecté cette conscience supérieure.
Celui/celle qui croit qu’il ne vaut rien, et accepte pour cela de se faire humilier, n’aura pas respecté cette conscience supérieure.
Celui/celle qui ne se réalise pas et subit des attitudes, un travail, une vie de famille qui ne lui conviennent pas, pour ne pas perturber son environnement, n’aura pas respecté cette conscience supérieure.
Etc.
L’état actuel de notre planète complètement déchirée par les guerres et le terrorisme montre bien que ce travail n’est pas fait, et il a toujours d’ailleurs été l’objet d’un étouffement et d’une persécution très nets par les politiques inquisitoriales, car il vise à libérer la conscience.
Or une conscience libérée n’est plus manipulable.
“La spiritualité, ce n’est pas l’affaire des tièdes. Ce n’est pas une fuite. Ce n’est pas une illusion qui vise à nous persuader que « nous allons bien, tout va bien », dans un monde plus que chaotique. La spiritualité est la force de celui qui, face au constat de la souffrance du monde et du dévoiement des êtres humains, décide de raffermir son esprit en élevant sa conscience au-delà des effets contingents et de l’actuel dogme matérialiste qui ne cesse d’augmenter notre errance existentielle.
En revanche, il s’agit d’un combat intérieur, contre ses « démons intérieurs », ce dont nous parlent d’ailleurs toutes les religions bien comprises.
Alors, ce livre parle de devenir solaire, de rencontrer des êtres solaires, de se préserver des êtres toxiques, à commencer par soi-même, en combattant ardemment notre ombre. Ce chemin est absolument nécessaire pour trouver un équilibre en soi, lequel se mettra ensuite au service du monde.
Ce livre aspire à ce que chacun travaille à trouver la paix en soi, sans faux-semblants, sans évitement, sans fuite, sans fausse conviction. Avec justesse, courage et patience.” (A. Bilheran, Soyez solaire !).
Auto-organisation et vampirisation
L’auto-organisation est un principe essentiel du vivant humain, à partir duquel les philosophes, depuis l’Antiquité, ont forgé la notion d’âme.
Une montre a besoin d’un mécanisme extérieur : la cause qui active le mécanisme est extérieure, n’est pas contenue dans la nature même de la montre. Il faut un être humain qui se charge de monter le mécanisme.
En revanche, le corps humain n’a pas besoin d’être activé de l’extérieur, un être organisé n’est pas une machine, car il possède justement une vertu d’auto-organisation, une énergie interne qui le met en mouvement et ne se réduit pas au mécanisme.
Or ce qui met en mouvement l’être auto-organisé, le principe de vie, est précisément son âme, ce qu’avait déjà découvert Aristote en 330 av. J.-C. lorsqu’il décrivait l’âme comme « une seule substance qui a pour matière le corps » et comme « l’acte premier d’un corps organisé », principe et siège de l’activité vitale.
Lorsque nous perdons la connexion à notre âme, c’est bien souvent parce que nous avons confié cette « auto-organisation » à autrui, sur le plan psychique.
C’est, par exemple, toujours le cas dans les personnes qui sont victimes de profils pervers ou paranoïaques : à un moment donné, la personne s’est mise sous dépendance à autrui (émotionnelle, financière, etc.), sous emprise, par peur, sentiment de culpabilité, tristesse, vulnérabilité.
La perte de connexion à son âme peut se faire sous drogues, mais aussi lors de vécus de violence terrible, ou lorsque l’on est conditionné par un lavage de cerveau, une propagande (laquelle peut être collective)…
L’on peut être dans une dépendance physique, sous assistance respiratoire, et rester connecté(e) à son âme.
En revanche, l’on peut être valide mais avoir perdu tout ou partie de la connexion à son âme en tant que principe d’unité.
Tout être qui a subi un traumatisme par exemple sait qu’il y a un avant, et un après.
L’après, c’est d’avoir perdu tout ou partie de la connexion à son âme en tant que principe d’unité, et cela se traduit par une angoisse quasi-permanente. Pour transcender le traumatisme, il faudra retrouver ce chemin, poser ses racines dans l’immortalité de l’âme, et non dans un vécu terrestre imparfait et nécessairement fini. La nourriture de l’âme, c’est l’amour, et il faudra retrouver le chemin de l’amour, lorsque l’on aura subi celui de la haine.
Le plus riche d’entre nous sur le plan matériel peut aussi être le plus désertique dans cet état d’âme, jusqu’à en nourrir un vagabondage de l’âme, qui n’est ni plus ni moins qu’un « vague à l’âme », comme, précisément, une âme vide (le mot « vague » ayant la même étymologie que le mot « vacuité ») de sa substance, de sa lumière.
Dans la mythologie, Psyché (l’âme), plongée dans un coma profond proche de la mort, est ranimée par le baiser de l’amour. Ce qui est symbolique parle du réel, et ce qui ranime une âme perdue dans l’enfer terrestre, c’est bien l’amour, par lequel elle retrouve la réminiscence du paradis céleste (ou “monde des Idées” selon Platon).
De l’immortalité de l’âme et des réincarnations
Ce que je vais dire est absolument iconoclaste pour l’Université actuelle et la psychologie « institutionnelle ».
Mais il est de mon devoir de rétablir ce qui me paraît être des vérités de tout temps, lesquelles ont été sciemment effacées de la transmission.
Et je refuse de laisser à des charlatans « spiritualo-new age » cette notion de réincarnation.
De grands philosophes et sages de l’histoire de l’humanité (notamment Platon et Pythagore) ont développé la question de l’immortalité de l’âme, qui se réincarnerait vie après vie pour parfaire son enseignement.
Ayant accédé depuis petite à cette dimension, je récupère souvent des patients ayant fait d’autres parcours thérapeutiques qui leur ont semblé très insuffisants au regard de cette souffrance de l’âme.
Que vaut une psychanalyse 20 ans avec un dit “lacanien”, où la personne s’est censurée tout le long pour ne pas parler de ses visions de vies antérieures, de peur d’être a minima incomprise, a maxima, internée ?
Que vaut une médecine psychiatrique qui met des patients durant 20 ans sous antidépresseurs, faute d’être capable d’entendre la souffrance de l’âme et qui, ce faisant, contribue à la museler ?
Qui sommes-nous pour réduire autant la vie psychique, par le fait de notre ignorance ?
Alors, oui, je vais assumer le fait de dire qu’il existe des personnes – et beaucoup plus qu’on ne le croit – qui ont des visions de leur vie antérieure, des personnes qui reconnaissent d’autres personnes, sans pour autant les avoir jamais rencontrées auparavant dans cette vie, des personnes qui reconnaissent des lieux sans pour autant les avoir jamais vus dans cette vie, des personnes qui vivent également des réminiscences de mémoire traumatique de vies antérieures, et qu’il est essentiel de les traiter comme des traumatismes qui ont réellement eu lieu.
Sinon, l’on ne comprend pas ce qui se passe et l’on ne peut donc le résoudre.
Et “la loi” de la répétition traumatique s’applique là aussi… (tant que le traumatisme n’est pas soigné, il est répété).
Ce dont je parle n’est pas une lubie, c’est de la plus haute importance (je développerai cela ultérieurement dans un livre spécialement consacré au sujet et aux enjeux thérapeutiques).
Les psychothérapeutes et psychanalystes doivent s’interroger sur leur propre limitation à ne pouvoir entendre ces dimensions.
A chaque fois que l’humanité a régressé, elle a tenté d’éradiquer la notion d’âme, comme lorsqu’il s’agissait de justifier le génocide des Indiens.
Cela a commencé par là : ils n’avaient pas d’âme.
Ne pensez-vous pas que l’on prépare votre propre génocide, lorsque l’on ne vous enseigne plus que vous avez une âme ?
Lorsqu’on ridiculise des savoirs ancestraux, notamment celui de l’immortalité de l’âme ?
L’humain, coupé de sa conscience supérieure, n’a plus accès aux idéaux, à la moindre idée de perfection, ni aux Idées du beau, du bien, du vrai, du bon, du juste, et plonge dans la disharmonie, la dépression et la plus grande vulnérabilité qui soit.
Il devient une bête aliénable, corruptible et corvéable.
Qu’est-ce que la métaphysique ?
C’est ce qu’il y a au-delà de la physique, de la nature, c’est l’esprit ! Eh bien : c’est la science de l’âme. Et, n’en déplaise aux logiciens bas de gamme qui se sont accaparés le terme, il existe bien une “science de l’âme”, que Hegel nommait “Science de l’Esprit”.
Pour les Anciens, et les civilisations évoluées, le psychisme (l’âme) n’était pas à analyser en-dehors du corps.
La « psychosomatisation » était l’âme manifestant sa souffrance dans le corps.
Plus près de nous, le psychanalyste Jung n’étudiera pas autre chose, en travaillant le symbolisme de l’âme, en rappelant l’importance absolue que les thérapeutes travaillent “l’idée de Dieu” (qui n’est pas Dieu, non, “l’idée de Dieu”, c’est très différent), et il est d’ailleurs fort curieux que son œuvre soit quasi évincée des enseignements universitaires.
Dans Le Phèdre, dialogue sur l’amour, rédigé par Platon, Socrate entreprend de définir l’âme et la qualifie d’immortelle.
« Toute âme est immortelle. En effet ce qui se meut toujours est immortel » (245b).
L’âme est l’être qui se meut soi-même, source et principe du mouvement. Puis Socrate déploie le célèbre mythe de l’attelage ailé.
L’âme parfaite porte des ailes (246a) et s’élève dans les hauteurs.
L’âme imparfaite a perdu ses ailes, et est entraînée jusqu’à ce qu’elle saisisse quelque chose de solide où elle établit sa demeure, notamment un corps terrestre qui se meut de son propre mouvement grâce à la force qui appartient à l’âme. La divinité est un être vivant immortel, pourvu d’une âme et d’un corps naturellement unis pour toujours.
L’âme participe au divin, elle a le pouvoir d’entraîner vers le haut ce qui pèse.
Socrate définit alors le divin comme le beau, le sage, le bon.
Le divin nourrit et développe les ailes de l’âme tandis que la laideur, le mal causent ruine et destruction de l’âme.
Les âmes immortelles montent facilement avec leur attelage ailé, puis elles atteignent le sommet, se dressent sur le dos de la voûte céleste et se laissent emporter par la révolution circulaire, contemplant les réalités qui sont en dehors du ciel.
« Dans toutes les incarnations, l’homme qui a mené une vie juste reçoit un meilleur lot, et un lot moins bon dans le cas contraire. »
Et le choix de l’âme est libre.
Si l’âme est incarnée, c’est qu’elle a jadis contemplé les beautés célestes et les vérités éternelles : beauté, justice, sagesse. Seul un petit nombre s’en souvient, et lorsque ces dernières aperçoivent une imitation du beau ici-bas, elles sont hors d’elles-mêmes et ne se possèdent plus. Elles savent reconnaître la beauté des choses célestes.
Les êtres humains qui ne les voient plus et ne les reconnaissent plus sont ceux dont l’initiation n’est pas récente, ou bien qui se sont laissés corrompre. Ils ne s’élancent point rapidement vers la Beauté en soi et ne sont attirés que par des plaisirs purement matériels.
L’attelage ailé est porté par deux chevaux, comme autant de forces contraires.
Si la partie supérieure de l’esprit l’emporte, c’est que la vie aura été réglée avec amour de la sagesse, conférant bonheur et union. Si la vie aura été menée de façon grossière, sans amour de la sagesse, alors il y aura chute.
L’amour terrestre est une image de l’amour céleste, mais imparfaite. Il doit nous conduire à nous élever, à ne pas rester dans la matérialité, car la divinité est l’unité du matériel et du spirituel.
Dans ce mythe, l’on reconnaît bien la fonction du divin, qui est d’unir, alors que le mal divise.
La République de Platon comprend la démonstration de Socrate sur l’immortalité de l’âme, ainsi qu’une définition du bien et du mal : « que tout ce qui perd l’être et le détruit, c’est là le mal, que ce qui le conserve et le conforte, c’est là le bien » (608d).
L’âme, marquée par une souillure originelle, est condamnée à un cycle d’incarnations dont seule l’initiation pourra la conduire vers une survie bienheureuse où l’humain rejoint le divin.
Il est à noter que cette conception de l’âme se retrouvait chez les orphiques et les pythagoriciens et que, d’une certaine façon, elle a été reniée par les religions monothéistes ensuite, du moins dans le dogme officiel. Il est certain qu’il est plus difficile d’envoyer des peuples entiers à la guerre pour des raisons politiques, si chacun se dit qu’il devra répondre de ses crimes dans des vies ultérieures !
Car si vous tuez votre prochain et que vous devrez en répondre dans votre prochaine vie, que vous risquerez même de croiser à nouveau sa route, en ayant accumulé une « dette » karmique, dont vous devrez vous apurer, n’y réfléchirez-vous pas à deux fois ? De plus, cette conception présente le mérite d’ouvrir la conscience à un autre espace-temps et, en cela, favorise tout simplement ce que l’on appelle l’ouverture de conscience. L’être humain est alors remis à sa place dans la logique humanisante de l’avant et de l’après.
À tout le moins peut-on constater les vertus de cette conception, pourvu qu’elle ne soit pas détournée de son objet ou pervertie dans des pseudos théories perverses disant que si vous souffrez dans votre vie actuelle, c’est que vous l’avez mérité ! Car là n’est pas la question.
La véritable question est plutôt initiatique : comment transformer cette souffrance en enseignement ?
Le terme « âme » désigne la vie humaine mais aussi ce qu’il y a de plus intime en l’homme, de plus grand et de plus profond en lui.
L’âme est donc l’élément spirituel de l’être, qui l’appelle à une transcendance, à ne pas se réduire à sa petite vie insignifiante d’ici et maintenant.
Les deux expériences de vie où l’on ressent le plus l’âme sont à « l’entrée » et à « la sortie » de la vie humaine.
Lors d’une naissance, chacun ressent qu’il se passe quelque chose de magique. Le regard des bébés est souvent très profond, et chargé de vie. De même, lors d’un décès, au moment du décès, l’âme sort du corps et les personnes ayant perdu des proches ont pu ressentir ce passage, ce moment où le souffle s’éteint.
C’est pour ces deux raisons que le contrôle de la naissance et de la mort est une question qui est loin d’être anodine à notre époque, et il est bien dommage que les comités éthiques censés réfléchir à ce sujet ne prennent pas en compte cet argument pourtant défendu par les plus grands philosophes, et qui est, somme toute, majeur, car il déplace le débat à un autre endroit que dans le simple consentement de la personne.
Mais que dire quand l’on commence à peine à redécouvrir « le fil à couper le beurre », avec les recherches sur les expériences de mort imminente, alors que ces dimensions sont décrites depuis l’Antiquité !
Des dangers de « vendre son âme »
En somme, la connaissance des réincarnations a été effacée pour des raisons politiques, de même que la psyché est désormais éradiquée de la psychologie, réduite à un simple comportement, tandis que la psychiatrie ne s’attarde plus, à quoi bon, à comprendre la psychopathologie, et se borne à administrer des médicaments.
L’on prétend donc soigner des symptômes sans causes et des comportements sans origine… !
L’on peut se tromper, se faire manipuler, mais il faut travailler son discernement et sa disposition d’esprit, en particulier lorsque l’on prétend répondre des autres et du monde, comme c’est le cas de toute personne occupant des responsabilités humaines sur autrui.
« Vendre son âme » relève du « pacte diabolique » de Faust, décrit par Goethe (ce dernier n’étant pas non plus le dernier des ignorants).
Qu’est-ce que cela signifie ?
Que, pour un surcroît de pouvoir terrestre (argent, avidité, domination, ambition etc.), ou pour rester un peu plus en vie, ou avoir davantage de petit confort, ou parce que l’on s’aggrippe à une petite vie insignifiante, l’on est prêt à sacrifier une partie de sa dimension céleste.
Lorsque l’on trahit, lorsque l’on blesse, lorsque l’on vole, lorsque l’on viole, lorsque l’on transgresse, lorsque l’on tue, l’on peut peut-être bénéficier d’un surcroît de pouvoir terrestre temporaire ou d’un petit confort.
Mais c’est ignorer à quel prix cela se paiera, du point de vue de sa conscience, laquelle est comme le regard de l’âme sur ses propres actions.
Certains agiront tellement mal que leur âme se sera éclatée en petits morceaux qu’il leur faudra tenter de recoller s’ils en sont encore capables.
Que voit-on dans les souffrances des patients ?
Des dissociations d’âme.
La personne entre en dépression, car elle culpabilise de n’avoir pas su défendre son collègue de travail lorsqu’il était harcelé.
Telle autre ressent une haine contre le monde entier, pour s’être vécue impuissante lors d’un traumatisme.
Telle autre encore souffre d’avoir choisi un partenaire qui ne correspond pas à son âme, pour des raisons sociales, familiales etc.
Qu’est-ce que la dépression, au fond ?
La perte de contact vital avec son âme, qui ne s’y retrouve plus dans cette incarnation. Alors l’âme dit « écoute-moi, je vais te mettre dans un tel état que tu ne pourras rien faire d’autre que de m’écouter ». Au lieu de cela, l’antidépresseur, administré sans conscience et à tout-va fera définitivement taire cet appel de l’âme.
Or, le projet de toute âme, le projet harmonieux est que l’âme retourne à la source divine, à sa perfection, à son infinie compassion, et pour cela, il faut soi-même faire l’effort de réunifier son âme et d’abord, de l’écouter.
Il existe, de surcroît, des pactes irréversibles, et il faut bien garder d’y aller et de les faire.
Ceci est valable pour toutes les compromissions, et il faut toujours refuser une paix factice, dont le prix est son aliénation spirituelle, une sécurité acquise au prix de la liberté.
C’est de ces conséquences dont nous avertit le poète Victor Hugo, dans son magistral poème « La Conscience », l’œil poursuit Caïn le meurtrier jusque dans la tombe… et je dirai donc, même après.
« Et qu’on eût sur son front, fermé le souterrain,
L’œil était dans la tombe et regardait Caïn… »
Conclusion
Revenons à la citation de Lamartine
“Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?”
L’âme est reliée à la « force d’aimer ».
Aimer nécessite une force, dans ce monde où tout nous entraîne au désamour.
La vibration de l’âme est la joie.
Face aux malheurs du monde, il nous faut retrouver la force de la joie.
Les tyrans s’acharnent à semer de la terreur, du désespoir, de la détresse, de la tristesse, de la haine pour entraver toute connexion de chacun à son âme. Ils ont toujours infiltré les religions, pour les tordre, et faire en sorte que les êtres perdent la foi, cette foi en une transcendance qui fait de leur pouvoir terrestre, à eux les tyrans, une mascarade qui ne peut plus impressionner ni terroriser, les martyrs chrétiens en ont témoigné, et c’était leur fonction (martyr signifiant « témoin »).
C’est en cela que « philosopher, c’est apprendre à mourir », comme le disait Montaigne et, avant lui, Cicéron et les stoïciens.
Il nous faut nous disposer non pas pour vivre la vie la plus confortable sur le plan matériel au prix de nombreuses compromissions, en faisant allégeance à différentes formes de vampirisation et d’aliénation, mais pour vivre la vie avec laquelle nous serons en accord au moment de mourir. C’est cela, la sagesse : préparer sa mort, faire en sorte qu’au moment où sortira l’âme du corps, elle soit devenue plus sage et plus juste tout au long de son chemin de vie.
L’aspiration de l’âme est l’harmonie. Je comprends que cela ne parle plus trop, après un siècle où l’on s’est acharné à « déconstruire » les règles de l’harmonie dans tous les domaines, notamment artistiques, et un nouveau siècle où le chaos et la perversion sexuelles sont désormais érigés en modèles artistiques.
La mythologie nous parle de la déesse Harmonie, fille du Dieu de la guerre Arès et de la déesse de l’amour Aphrodite.
Sur le plan symbolique, l’harmonie est donc le fruit de la résolution de la guerre dans l’amour, puisque sa conception est le produit du dieu de la guerre qui aime la déesse de l’amour, ainsi l’amour triomphe…
Attention, cette harmonie n’est obtenue qu’en articulant la recherche du beau, du vrai, du bon et du bien, c’est-à-dire ce carré parfait qui fera de nous un être meilleur. Ces quatre qualités ne sont pas relatives. Il n’existe pas « des vérités », « des beautés » selon les goûts, des qualités moralement bonnes pour certains, mais pour d’autres non.
C’est ce que nous ont enseigné les Anciens, et nous avons perdu cette vérité.
En perdant cette vérité, nous avons perdu notre phare dans la tempête. Ce relativisme du beau, du vrai, du bon et du bien (ex.: “chacun sa vérité”) a fait chuter la valeur et la qualité de la recherche intérieure. Rappelons-nous pourtant qu’une chose peut être belle mais ne pas être vraie, une chose peut être vraie sans être bonne etc.
La recherche de l’harmonie suppose celle de l’alignement entre le beau, le vrai, le bon et le bien.
Cette lueur de l’âme est inaliénable dans son principe, et ne doit jamais s’éteindre.
Il faut viser sa propre « grandeur d’âme », avant la sortie de corps.
Comment la nourrir ?
En fuyant tout ce qui l’intoxique, l’étouffe, la maltraite, et en particulier les émotions de terreur que les tyrans veulent faire éprouver, et en l’alimentant de sublime :
« Tout ce qui est véritablement Sublime, a cela de propre, quand on l’écoute, qu’il élève l’âme, et lui fait concevoir une plus haute opinion d’elle-même, la remplissant de joie et de je ne sais quel noble orgueil, comme si c’était elle qui eût produit les choses qu’elle vient simplement d’entendre » (Longin, Du Sublime, 7.1.).
Ce sublime que l’on peut ressentir à l’écoute de certaines musiques, ou en recherchant toute expérience « hors norme » qui élève l’humain à une autre dimension que sa propre finitude, celle qu’il ressent lorsqu’il se vit si petit et fragile face à une nature spectaculaire, une violente tempête, de grandes étendues désertiques.
C’est aussi celle qu’il ressent à ces premières paroles divines : « Que la lumière soit, et la lumière fut », à cette expérience de la lumière, du divin qui est au-delà de lui mais le traverse, de la foi qui est aussi confiance dans le vivant et l’éternité du vivant, quels que soient les catastrophes et le souffle noir de la guerre qui risquent de s’aggraver sur la terre les prochaines années.
Cette confiance dans le vivant devra se prolonger absolument dans le refus de toute aliénation, fût-ce au prix d’une paix factice.
Retrouver ses racines spirituelles, c’est-à-dire, cette transcendance vers ce monde de l’harmonie parfaite, de l’amour infini, de la justice divine, est d’une urgence absolue.
Il est de notre responsabilité humaine de veiller sur notre âme, de nous rappeler sa joie et son éternité, et de lui donner une expression ici-bas, ce qui s’appelle “spiritualiser la matière”.
Ambitionner le beau, le bon, le vrai, le bien, en retrouver le souvenir nostalgique, aspirer à la justice divine et à l’amour inconditionnel, tel est le travail des êtres conscients, rendu précisément nécessaire en des temps obscurs.
Il faut pour cela un fort courage, celui de résister coûte que coûte à la dévalorisation, aux railleries, à la bêtise, à l’intimidation, à la séduction, à l’appât du gain, à la haine, au sadisme, au ressentiment, à l’impuissance, à la tristesse, au désespoir, et à l’effroi.
« Que l’âme est immortelle, ensuite qu’elle passe dans d’autres espèces animales ; en outre, qu’à des périodes déterminées ce qui a été renaît, que rien n’est absolument nouveau, qu’il faut reconnaître la même espèce à tous les êtres qui reçoivent la vie. […] A beaucoup de ceux qui l’abordaient Pythagore rappelait la vie antérieure que leur âme avait jadis vécue avant d’être enchaînée à leur corps actuel. Et lui-même, par des preuves irrécusables, démontrait qu’il réincarnait Euphorbe, fils de Panthoos ».
Porphyre, Vie de Pythagore, philosophe néoplatonicien disciple de Plotin, 234-305.