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"Terrorisme: jeunesse, idéaux et paranoïa", article d'Ariane Bilheran, dans la revue de santé mentale "Soins"

Dernière mise à jour : 26 nov.

Bilheran, A. "Terrorisme: jeunesse, idéaux et paranoïa", in Soins, Elsevier, octobre 2017.


Article consacré à l'explication psychique des processus qui conduisent les adolescents à être séduits par le terrorisme.


«Quand on dit: Dieu est amour, c’est une parole très grande et vraie, mais il serait absurde de penser cela aussi simplement, comme une simple détermination sans une analyse de la nature de l’amour. L’amour différencie deux êtres qui l’un pour l’autre ne se distinguent pas. Avoir conscience, avoir le sentiment de cette identité, d’être hors de moi-même et dans l’autre, voilà l’amour; ma conscience n’est pas en moi, mais dans l’autre ; cet autre en lequel seul j’ai ma satisfaction et la paix avec moi-même – et je ne suis que si je suis en paix avec moi-même; si je ne la possède pas, je suis la contradiction qui se divise, – cet autre, également hors de lui-même, a en moi seul sa conscience, et tous deux nous ne sommes que cette conscience de notre extériorité et de notre identité, cette intuition, ce sentiment, ce savoir de l’unité. Voilà l’amour et ce sont de vaines paroles si l’on parle de l’amour sans savoir qu’il est tout à la fois la différenciation et le dépassement de cette différence.»
G.W. Hegel, Leçons sur la philosophie de la religion.

La fanatisation des adolescents et jeunes adultes pose la question de ce qui, dans les processus psychiques à l’œuvre au cœur de nos sociétés occidentales, les y incite. L’adolescence est un moment initiatique-clé, celui où l’individu apprend l’autonomie, c’est-à-dire la capacité d’intérioriser en lui-même des lois morales universelles pour les faire siennes, afin de se libérer de l’emprise de ses pulsions. Il est important de préciser que ces lois morales ne sont pas relatives, selon Kant (et d’autres grands penseurs de la philosophie morale et politique): «La loi morale n’exprime donc pas autre chose que l’autonomie de la raison pure pratique, c’est-à-dire de la liberté, et cette autonomie est elle-même la condition formelle de toutes les maximes, la seule par laquelle elles puissent s’accorder avec la loi pratique suprême.»


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