Tous des harcelés ?
Ariane Bilheran
Le harcèlement moderne s’enracine dans un climat de valeurs perverties : perte de l’autorité, soumission, irresponsabilité générale, désolidarisation de masse.
L’individu, à force de promouvoir son image, disparaît de lui-même. Traité en consommable, il se consomme dans des journées sans direction ni sens, en éternelle « victime ».
Dans un essai audacieux, l’auteure montre comment les « violences sensorielles» (publicités…) s’allient aux violences psychiques (tyrannie de la beauté, de la rentabilité court terme…) pour consacrer la mort du lien social, mais plus encore, celle de l’individu, engoncé dans des peurs irréductibles. Le « more competitive » devient le slogan harceleur d’un « totalitarisme rampant », dépolitisé, sans projet, vide, latent. Dès lors, l’individu, perdu dans son existence, cherche une transcendance jusque dans des formes d’emprise subtiles, fondées sur la spiritualité sectaire. Fondé sur la manipulation mentale, le système s’auto-engendre et crée les misères dont il souffre.