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Atelier Littérature et Totalitarisme : poésies et proses poétiques

Dernière mise à jour : 4 oct. 2021

Les ateliers "Littérature et Totalitarisme" sont l'occasion d'étudier des œuvres en rapport avec le phénomène totalitaire, mais aussi de faire preuve de créativité littéraire pour ceux qui le souhaitent. Tout le monde peut devenir auteur, il n'est pas nécessaire d'avoir fait des études de littérature, ou d'avoir déjà produit un texte littéraire. Certains participent sans nécessairement créer, la liberté est laissée à chacun de faire selon sa sensibilité et son ressenti.


Pour vous inscrire aux prochains ateliers :


Vous trouverez ici quelques créations des ateliers, publiées avec l'autorisation de leurs auteurs, voici la section poésies et proses poétiques.


Poésies et proses poétiques

La bonne santé

L’hérésie avait des racines

Ulysse le savait bien.

Lui qui avec courage,

Et rusée résistance,

Au carrefour de sa vie,

Avait traversé

L’océan de l’éprouvante initiation qui,

De rive en rive,

Tel un funambule,

Tissait un fil rouge sur lequel

Ses pieds tentaient de trouver un sol.

Au gré des sacrifices,

Des obstacles rencontrés,

Peu à peu, s’érigeait l’autorité d'un homme,

Dont la tunique n’était pas faite de brandebourgs et d’épaulettes,

Mais du devoir de générosité et d’amour,

Du devoir sans illusions rêvées.

Avec lui, possiblement, s’ouvrait une ère nouvelle.

Celle des hommes loyaux et fiers,

Acceptés et reconnus,

Pour qu’ils deviennent efficaces.


Catherine

 

Une grande personne


Un petit bonhomme à la vie tranquille,

Ni bon ni mauvais, plein d’humilité... Il suit le fil

Quand tout à coup, on lui interdit

De se vêtir, vivre, se divertir... Quelle vie !

L’heure est au choix, pourra-t-il se taire ?

Saisir les armes et la bannière ?

On ne le lui a jamais appris.

Perte de confiance, il manque de défaillir…

Puis le courage revient car l’étoile sommeille en lui.


Sa lumière le guide à chaque pas

De cette longue marche qui dessinera

La légende personnelle de ce p’tit gars

Dont la fidélité à son âme n’est sans pareille ici-bas.


Ad’ailes

 

Passeport

Devant ce mur devenu sectaire,

Voici la condition d’un passeport sanitaire.

Nous sommes tous coupables, face aux esprits malléables.

La passivité est douloureuse, la désobéissance civile est bienheureuse.

J’entends l’approche au loin de la Terreur,

Cette liberté tant promise est pour notre malheur.

La Perversité joue comme une belle balade,

C’est le jeu de cartes, tous malades.

L’Innocence de nos enfants est sacrée,

Soyons le réceptacle pour la consacrer.

La contagion de l’Amour est recevable,

Dans l’écrin de notre cœur palpable.

L’obscurantisme avance à découvert mais,

La Lumière vaincra toujours et à jamais.


Véronique

 

Année noire


Dans cette année noire,

Nous disons adieu au contradictoire

La globalisation de la peur

Évince de nos cœurs toute chaleur

Nos corps confisqués

Ne sont plus libres de circuler

Quand le pouvoir sépare

La créativité se fait rare

C’est le temps de la confusion

Je l’appellerai discrimination

Nous vivons une ségrégation

De ces hommes aux idées qui n’ont rien de sanitaire.


Charlotte

 

Empreintes


Rien vu, rien entendu : à l’heure du drame, à l’aéroport des rosiers, une coccinelle drapée dans son boubou rouge à pois noirs était en plein décollage pour Tombouctou : aussi n’a-t-elle rien vu, rien entendu.

Gaston, célèbre gastéropode des lieux, d’allure tardigrade, était au concert des sauterelles dans les herbes folles des terrains vagues : aussi n’a-t-il rien vu, rien entendu.

Limace, sa compagne, de retour de son après-midi enlacée avec chou, son amant, repue, dormait : elle n’a rien vu, rien entendu.

Les savoirs dans les ventres des uns et des autres, à l’heure où j’écris cette dépêche de dernière minute, le mystère non élucidé reste entier. Mais comme bon sang d’encre ne saurait mentir, chaque bribe, piste, trace d’histoire sera toujours bonne à prendre.


En attendant, je guette l’arrivée de la police des airs....


Sylvie

 

Le sens de la vie


Il y a des leurres qu’on ne voit pas

Il y a des pleurs qu’on n’entend pas

Il y a ces visages comme des millions de drapeaux blancs

Il y a ces erreurs qu’on fait depuis longtemps

Comment parler de ça

Sans briser mes doigts

Devant mon nez

Je vois des masques tomber

L’angoisse me montre son visage

Elle me force à parler son langage

Rien ne peut arrêter cet orage

Qui me tire de mes profonds mirages

Je sais qu’on nous l'interdit

Et je sens la fièvre qui me mord

Sans que j’aie l’ombre d’un remords

Dans ce triste monde j'écris

Et comment retrouver le sens de la vie ?

Dans une autre vie je partirais loin d’ici

Je me ferais petit chat

Pour me blottir dans tes bras.

Charlotte

 

Sensuelle passe par les pores


La saison s’annonçait splendide.

Ce matin-là, vêtu de ma chemise en lin blanc et d’un pantalon assorti, de chaussettes en fil d’Écosse et d'une paire d’espadrilles basques, j’enfourchai ma bicyclette rouge.

Bille en tête, je m’élançai à sa conquête.

Depuis quelque temps, de loin, je l’observai : ronde, pulpeuse, sensuelle.

Non content de ce privilège, ses charmes attisaient mon insupportable désir ‘y goûter. C’est que jour et nuit, la belle s’y mirait aussi.

Les pores de sa peau offerts au soleil et à la lune lui conféraient un chien fou.

Alanguie, racée, haute perchée, elle me dardait.

Déjà dans ma course folle, le visage réjoui, de ses atours j’anticipai, d’un coup de boule ajusté, l’assaut puis la récolte qui adoucirait mon ignition charnelle.

Mordre dans sa chair dorée, charnue, sucrée, et de cette bouchée juteuse unir nos 2 corps, voilà qui augurait d’un passage de vie héroïque.

J’entrai en son verger, en son paradis où les fruits se donnent et ne s’achètent pas.


Sylvie

 

Impasse sanitaire


Passe-impasse pair impair et manque

Les puissants ont joué avec nous

Passe-impasse pair impair et manque

Les puissants se sont joués de nous

La Liberté

Emprisonnée

La Pureté

Annihilée

Nous n’aurons plus jamais le choix

Qu’est devenue l’Humanité

Il ne nous reste que le rejet

Ne nous laissons pas séparer

Ne nous laissons pas diviser

Par le Passe discriminatoire

Marianne Louise

 

À la robe d’Émeraude


Septembre arrivait, les chênes verts derrière moi, je levai la patte, à bâbord toute vers ces paysages d’eau et de ciel qui ravinaient ma frimousse de caresses salées.

Respirer l’ailleurs m’attendait une fois encore dans cette contrée où des mouettes chaloupaient au creux de vagues démontées, où la palette des couleurs palabraient entre elles, et dont les plus hardies, impétueuses, éclaboussaient cette terre battue par les flots qui déferlaient avec rage sur les rochers déchiquetés. Combien de fois recommencé lorsque la houle s’alliait aux mugissements du vent avant de porter l’estocade aux récifs dans un ultime roulis fracassant.

À terre, truffe au radar, je guettai les pirates et corsaires des airs et des souricières, avec pour seul témoin cette brume de silence granitique où rodait l’ombre fantomatique des écumeurs naufragés qui ne s’y comptaient plus.

Des gens du pays racontaient que les flots continus et le chant du vent portaient au grain de folie.

Fille de mes ancêtres, je savais que les conquérants, les curieux, oscillent, boussole ou pas, d’Est en Ouest, franchissent des cols, des nez, que dis-je ? Des caps à la recherche de ces petits riens, sous ce ciel immense à l’humeur changeante, sur lequel les contours des iles imprimaient l’âpreté de leur roche solitaire.

Allongée à flanc d’une dune à la jeunesse courbe, j’observai les voiles gonflées porteuses d’avenir.

Dans la baie de St Malo à l’odeur puissante, des moules vrillées à leurs poteaux de bois de chêne délimitaient le grand large et ses dangers. Vaillantes filles aux reflets d’argent, elles bravaient la houille bleue ancestrale et les ravissements cycliques de mers déchaînées.

À terre, je pistai les sentiers des contrebandiers qui menaient aux cales où de vieux doris en bois tanguaient sur le clapotis dans l’attente de leur prochaine levée d’ancre.

Voyageuse née, je trottai au rythme de l’arrière-saison chinée d'ors et de pourpre sur cette terre balisée de lichen, aux allures de jeune tourbière irlandaise, aux accents de moor écossaise.

Les maisons de pays, pudiques, s’y resserraient derrière un voile en dentelle et sollicitaient la protection des murets pour les noces fleuries.

Sages écolières, aux tabliers de chaux blanchie, alignées côte à côte, leurs bancs désertés par une jeunesse partie en quête d’herbe grasse, elles veillaient à la lueur de l’ambre automnal les histoires au long cours de vieux loups de mer. Basses de murs, les assauts naturels n’y trouvaient aucune prise. Seule la complainte lancinante de la houle océane serpentait entre leur corps à l’heure où hier, dont l’absence cruelle affleurait dans les regards humides, forait les consciences jusque tard dans la vie des Hommes.

Dans ce pays où le soleil se meure dans la mer avant de partir caresser les chaloupes dans la baie de Valparaiso entre 2 tangos, une vieille bigoudène s’était repliée derrière son muret auquel elle avait confié les chagrins de sa jeunesse emportés à la force des tempêtes humaines.

Là-bas, à l’Ouest, sur cette terre où les rêves précèdent les conquêtes folles, vaillante moussaillon je continuerai à pourfendre les embruns, engagée à travers l’armada des gouttelettes scintillantes comme autant de moulins à vent.

À respirer l’ailleurs.


Sylvie

 

IA ORANA !


Chers ancêtres et chers guerriers qui ont demeuré sur notre Terre, chers madame Ariane Bilheran, intervenantes et intervenant de l’atelier littérature et totalitarisme, je vous salue et soyons heureux en cette rencontre !

Gloire au puissant Achille, dont le libre arbitre, qui est un don divin, lui a offert la capacité de choisir sa destinée.

Puissions-nous emprunter le chemin que nous montre ce héros, et avec courage relevons le défi de métamorphoser l’obscurité en lumière pour la diffuser.

Mais comment cultiver et préserver nos vertus dans une société autant pervertie ? Comment ne pas se faire avaler par notre peur lorsque la liberté est conduite sur l’autel du sacrifice ? Comment accepter, dans la confrontation à un dilemme, que la mort puisse être une des solutions envisagées ?


Moehau

 

Ce message se crie, se danse, se ressent c'est un orero, une façon de transmettre, de communiquer, ancestrale sur l'île de Tahiti, comme cet autre torero :


TAHITI NUI !


Terre éclairée par les étoiles de Matari'i (Les Pléiades), réchauffée par Raa (Dieu Soleil), protégée par Ruahatu (Dieu de l'océan); où les chants des oiseaux sont aussi multiples et variés que les couleurs des poissons de nos lagons.

TAHITI bien aimée !

Beauté divine, entourée de beaux corps ornés de fougères.

TAHITI bien aimée !

Que sont ces sons fracassants qui résonnent de l'antre sous-terrain ? Ils s'élèvent en s'amplifiant, ils tournoient en s'éloignant, pour s'unir au vent jusqu'au rivage. Là où les vagues fleurissent et dansent. Là où le sable se soulève et se disperse. Là où les palmes s'alignent et se trémoussent. Là où les mélodies entraînantes communient. Ah! Festival de la Nature.

Ô TAHITI, entends mes plaintes désespérées.

Entends le cri conquérant de ton enfant.

Ô ciel clément, apaise mon cœur meurtri.

Larmes amères et triste amour pour ma bien aimée. Une voix puissante m'interpelle comme à regret.

Quelle chose, dans l'autre monde, t'attire t-elle pour vouloir t'en aller ainsi ?

Regards embués d'émotions.

Que veux-tu de plus dans l'autre monde, que je pourrais peut-être t'offrir, dans ce monde où s'entremêlent joie et tristesse, espoir et liberté. Peuple de mon île ! Où es-tu aujourd'hui ! Loue ta belle langue ! Valorise ta culture !

Réapproprie ta richesse ! Amis, peuple polynésien !

Nous avons une terre !

Luttons pour sauvegarder notre héritage!

Afin que vive TAHITI !

Moehau

 

Démasqué


Dans ce tissu fin

Cousu de lin

Un souffle bénin

Recrachait un pépin


Seul dans la nuit

Comme un enfant pâle

J'allais sans voile

Dans cet endroit maudit


Et je m'étais laissé empoigner

Par un policier au bec acéré

Qui était venu me surprendre

Et me demander de couvrir mon nez


Quand au bout du sentier

Je m'étais arrêté

Écouter les oiseaux chanter

Et mon cœur s'emballer


Nous voilà au lever

Je me suis laissé réveiller

Par un chien venu me méprendre

Et me délivrer une amende


Charlotte


 

L'échappée


Dans un contexte sanitaire contraignant, un matin depuis l’encadrement de sa fenêtre, un jeune homme observe un verger où des fruits dorés à souhait lui guignent de l’œil. À 11h, la radio annonce la fin du confinement, heureux, fougueux, le jeune enamoure se lance à l’assaut de l’objet de son désir, décidé à y goûter chair et jus. Savez-vous de quel fruit il s’agit ?

Il est connu en Lorraine.


Sylvie




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