Article de Nadia Lamm, Professeur de Philosophie certifiée, Formatrice de Professeurs, retraitée de l’Université.
Nadia Lamm a publié divers articles sur la «crise Covid» depuis 2020:
«Une curiosité de la maladie "antisémitisme": le frankisme» | Tribune Juive
«L’anticomplotisme, nouvel opium des intellectuels» | FranceSoir
«Le complot contre la liberté» | FranceSoir
«Le chemin vers la liberté» |Tribune Juive & Kairos
"[…] du fait qu’il faut se défendre contre tous, et que, pour se défendre, il faut du pouvoir, on retrouve massivement les paranoïaques à des postes de pouvoir dans la société."
Ariane Bilheran, Psychopathologie de la paranoïa, p. 29-30.
"La paranoïa trouve une scène idéale d'expression dans le champ politique. […] elle n'a cessé de s'illustrer dans l'Histoire, depuis Denys de Syracuse et Caligula jusqu'à Mao Tse Toung en passant par Hitler et Staline, pour ne pas citer des noms plus contemporains […]. Les paranoïaques au pouvoir […] arborent des discours pseudo-moraux […] et s'investissent d'une mission de justiciers et de sauveurs de leur pays, l'humanité, etc. Ce faisant ils importent et exportent la guerre […]"
Ariane Bilheran, Psychopathologie de la paranoïa, p. 218.
L'éléphant dans le salon
Avec la 3ème édition de son ouvrage de référence, Psychopathologie de la paranoïa (2016, 2019) aux éditions scientifiques Dunod, en novembre 2024, Ariane Bilheran, Normalienne, Docteure en Psychopathologie, Psychologue clinicienne, spécialiste des phénomènes de harcèlement et Consultante en entreprises et en institutions, nous donne un travail qui, non seulement appartient désormais aux classiques de la Psychologie clinique et de la Psychiatrie, mais, de plus, qui nous ouvre des perspectives nouvelles sur les liens pouvant exister entre paranoïa et exercice du pouvoir.
Par-là même, elle apporte une expertise rare à la mise en lumière des dérives les plus graves de nos démocraties post-modernes, même si c'est parfois à ses dépens – mais il faut tout de suite noter que c'est le lot de tout intellectuel qui sonde les motivations secrètes de ceux qui briguent et exercent un pouvoir, notamment politique - et les exemples de Socrate ou, beaucoup plus près de nous, de René Girard, théoricien du bouc émissaire comme mécanisme socio-politique pacificateur, ostracisés, l'un par les sophistes de son temps, l'autre par ses collègues universitaires, du moins en France, et conduit à s'expatrier aux États-Unis pour pouvoir y exercer son métier de professeur d'université, sont là pour l'attester.
À son tour, pour s'être attaquée, dans l'époque tourmentée ouverte en 2019 par ce qu'il est convenu d'appeler "la crise Covid", aux mécanismes psychologiques inconscients et conscients des tenants du pouvoir politique, comme complément aux travaux de Hannah Arendt sur le totalitarisme qu'elle a lus de près, Ariane Bilheran s'est vue devenir l'objet d'un lynchage… préventif? Par un certain nombre de collègues universitaires, voire de lanceurs d'alerte auto-proclamés, illustrant à son tour la règle qui veut qu'en contexte de totalitarisme montant, ceux d'entre les intellectuels qui refusent de jouer le rôle que le pouvoir entend leur assigner, soient écartés soit par invisibilisation, soit par calomnie et diffamation.
Or Ariane Bilheran, riche de son expertise clinique, autant que de sa culture et solide formation universitaire en Philosophie politique, n'avait pas, il faut le reconnaître, le profil idéal (!) pour s'aveugler face à ce que nous appellerons l'éléphant dans le salon, à savoir la montée d'un totalitarisme frayé par une thématique hygiéniste et sanitaire afin de trouver audience dans les peurs les plus archaïques de nos sociétés postmodernes vouées au culte du corps et de la sécurité à tous prix. C'est ainsi que les menées d'un pouvoir ostensiblement autoritariste trouvèrent facilement un écho favorable dans l'oreille des masses dès mars 2020. Mais ce constat, partagé avec inquiétude notamment par une Véra Sharav, rescapée de la Shoah et auteure d'un remarquable documentaire en cinq parties Never again is now and it is global ou par une Judith Reisman, spécialiste américaine des profils pédocriminels - mais soigneusement évité par les oppositions contrôlées, a été abondamment étudié par A. Bilheran dans Psychopathologie du totalitarisme (1), qui vient donc après Psychopathologie de la paranoïa.
Nous devons ici en faire état car, comme le rappelle A. Bilheran, les deux ouvrages sont solidaires, le second mettant en évidence les applications sociales et politiques des mécanismes psychopathologiques à l'œuvre dans la destruction volontaire du social et du politique (rappelons que Hannah Arendt excluait le régime totalitaire de la typologie classique des régimes politiques proprement dits: despotismes, monarchies, républiques) par ceux censés les protéger. Son étude est menée tant du côté des victimes que de celui des bourreaux.
De la psychopathologie individuelle à la psychopathologie du pouvoir
Toutefois n'est-il pas hasardeux de conclure des mécanismes psychopathologiques paranoïaques individuels à ceux des dirigeants - surtout démocratiquement élus – politiques? Et de ceux-ci aux peuples qu'ils représentent?
Gardons bien en mémoire l'idée arendtienne que le totalitarisme est une destruction du politique par interpénétration de la vie privée des citoyens et de la vie publique des États. C'est l'intrusion d'un pouvoir qui n'est plus politique mais simplement occupé à contrôler de façon obsessionnelle tous les aspects de la vie privée des êtres humains – on dirait mieux: vivants et du coup suspectés à chaque instant de chercher à échapper à la volonté de toute-puissance du pouvoir du simple fait de respirer!
Perdant le sens de ce qui fait la spécificité de sa sphère d'initiative, à savoir l'instauration d'une Loi et d'institutions symboliques communes permettant aux êtres humains de vivre ensemble, le politique se désintègre et dégénère en un organe policier traquant la Vie et ses manifestations imprévisibles pour la réduire à un simple substrat biologique - un outil animé comme disait Aristote, parlant de l'esclave - criminalisant toute velléité d'échapper au harcèlement omniprésent. Nous retrouvons ici exactement la définition de la paranoïa, cette obsession du contrôle pour le contrôle envahissant l'État comme idéal régressif substitué à l'idéal de la poursuite du Bien commun.
Et nul besoin ici d'être "complotiste" pour le constater: il suffit d'avoir des yeux pour lire et des oreilles pour entendre. L'autoglorification des ingénieurs du pouvoir totalitaire s'étale partout au grand jour: dans les livres de Klaus Schwab, fondateur et président du Forum économique mondial, La Quatrième Révolution industrielle ou encore Covid 19: la grande réinitialisation; après l'internet des objets Internet of Things (IoT) vient sous peu, l'Internet des corps, Internet of bodies (IoB). Ces nouvelles technologies permettront de connecter nos organes et nos comportements h24 au Cloud – c'est la fameuse "fusion du biologique, du physique et du numérique" annoncée par Klaus Schwab - et de lire en direct tout ce que nous pensons, disons et faisons. Nos données corporelles et biologiques sont le nouvel or noir de l'économie industrielle. A-t-on jamais vu un pouvoir se passer d'une technologie qui lui donne la main sur ses sujets? Schwab et son bras droit, Yuval Noah Harari nous expliquent à longueur de vidéos, avec componction que nous sommes devenus de facto, que cela nous plaise ou pas, des "animaux piratables" (hackable animals) que nous devons accepter "une transparence totale, mais que, n'est-ce pas, si nous n'avons rien à nous reprocher, il ne faut pas avoir peur!".
Une "théorie du complot" au service du déni des masses
La "théorie du complot" est donc l'alibi et le cache-misère servi aux innombrables suivistes du système pour les conforter dans le déni qui aide à supporter la condition misérable à laquelle nous sommes réduits: surveillés, tracés, bientôt pucés, récompensés ou punis comme de vulgaires rats de laboratoire exposés au conditionnement opérant à chaque pas pour nous ôter toute envie de chercher notre gouverne en nous-mêmes, bref, pour nous ôter la goût de penser et d'agir en êtres humains dignes de ce nom. Klaus Schwab est d'ailleurs favorable à la suppression des élections: lorsque l'Intelligence Artificielle est capable de prédire, avec une certitude mathématique, quel candidat sortira des urnes grâce aux data, plus besoin d'envoyer les gens voter.
Au harcèlement structurel du pouvoir répond la coalescence des individus atomisés et robotisés par l'identité numérique et les multiples "pass" les autorisant à bouger tantôt l'oreille gauche, tantôt l'oreille droite. Le régime chinois mâtiné de capitalisme des cartels pour les élites et de crédit social pour les esclaves numériques correspond bien à cette mise au pas technocratico-financière des masses qui tend à s'instaurer partout dans le monde grâce à la combinaison du savoir-faire des ingénieurs sociaux et de la sidération qu'ils engendrent dans les masses, via, notamment, la propagande véhiculée par les mass-média aux ordres.
Car les ingénieurs sociaux sont à la manœuvre pour orchestrer et tirer parti des tendances paranoïaques des dirigeants politiques et de la sidération des masses. Une sorte d'hypnose collective et conjointe se met en place: faut-il rappeler l'air extatique d'Emmanuel Macron dans les vidéos où on le voit évoquer sa "mission" – et non sa "carrière"! - ou encore l'arrivée de "la Bête de l'évènement"? Qui n'a jamais éprouvé une secrète pitié à l'endroit de cet homme ainsi manipulé par une idée grandiose de son rôle alors que son attitude dénote une emprise profonde ignorée de lui-même?
Ariane Bilheran ne manque pas de souligner le "noyau mélancolique" qui habite le paranoïaque et le recours à l'idéologie conçue de façon dogmatique et propagée en sorte de rallier le fanatisme des masses pour tenter de combattre les vécus mélancoliques. Elle cite René Kaës:
"Porteuse de certitudes absolues, la position idéologique radicale […] s'affirme […] comme une pensée contre le penser […]. Elle commande une action et elle la justifie. Elle est impérative, soupçonneuse, n'admet aucune différence, aucune altérité et prononce des interdits de pensée. Elle est sous-tendue par des angoisses d'anéantissement imminent et par des fantasmes grandioses de type paranoïaque. […] La position idéologique radicale est une organisation narcissique fondée sur un déni collectif de perception de la réalité au profit de la toute-puissance de l'Idée, de l'exaltation de l'Idéal et de la mise en place d'une idole, ou fétiche." (2)
La psychose paranoïaque
C'est ici qu'il faut comprendre le décollement du réel qu'opère le paranoïaque. La paranoïa est une psychose nous rappelle Ariane Bilheran (3); contrairement à la névrose, la psychose nous fait perdre le contact avec le réel et nous confine dans des fantasmes qui prennent les commandes de notre psychè, notamment, pour la paranoïa, des fantasmes persécutoires et mégalomaniaques.
La psychose implique une «causalité délirante» c’est-à-dire un raisonnement logique déconnecté du réel. La paranoïa est une «folie raisonnante». Toutefois le délire n'est pas nécessaire à l'expression de la paranoïa (4) et survient parfois comme une crise de décompensation dans laquelle le paranoïaque donne libre cours à ses interprétations exorbitantes du réel. Ce qui caractérise avant tout le paranoïaque, dont la psychogenèse est pré-objectale et confinée au stade oral, c'est une "hypertrophie du Moi", une survalorisation des qualités et des mérites du sujet, hypertrophie que celui-ci ne parvient pas à symboliser, et qu'il ne cesse de mettre en scène de manière défensive pour tenter de résister aux angoisses de morcellement et de mort qui l'assaillent lorsqu'il constate qu'autrui ne l'assiste pas comme le nourrisson fusionnel totalement dépendant d'un sein nourricier qu'il se sent être.
Dans cette configuration pré-oedipienne, un contrôle obsessionnel des pourvoyeurs de vie et de survie que sont les autres humains adopte, quand les circonstances l'autorisent, une verbosité de type politique à des fins manipulatoires. La mégalomanie pousse à exhiber les projets de domination totale de l'humanité. Ces projets ne sont pas crus par la masse – voyez l'incrédulité qu'avait suscité Mein Kampf à sa parution en 1925: les gens ayant une conception non psychotique de la politique – les simples névrosés – ne pouvaient imaginer qu'Hitler était autre chose qu'un illuminé, un déséquilibré qui n'avait pas les moyens de ses ambitions fantastiques. Et pourtant le paranoïaque est stratège et sait comment galvaniser des foules elles-mêmes composées de personnes en proie à la "régression psychique" (concept forgé par Ariane Bilheran pour décrire la dégringolade de ce qu'elle appelle "l'échelle du développement psychique"). Mais au bout d'un moment – plus ou moins long et éprouvant il est vrai - les effets de la paranoïa des gens de pouvoir pénalisent, blessent ou tuent de plus en plus d'individus et les yeux s'ouvrent… Non sans mal. À ce moment-là, le charme (au sens littéral de magie ou d'envoûtement par la propagande) n'opère plus. Les masques tombent et les victimes cessent, passivement et activement, de collaborer avec ceux qui détruisent la civilisation et l'humanité.
Et la messe est dite.
Économie et politique du Nouvel Ordre mondial: un changement de paradigme
Certes, la paranoïa affecte d’abord l’individu et son ou ses entourage(s) proches et il peut, encore une fois, sembler abusif d’extrapoler de la psychopathologie individuelle à la philosophie politique. Mais depuis quelque temps, des sociologues alertent sur la sécession des élites occidentales au(x) pouvoir(s) d’avec les peuples qu’elles sont censées officiellement représenter (5). Cette sécession est confirmée par les économistes qui mettent en évidence une concentration telle des capitaux privés que ceux-ci surpassent de loin les ressources des États. Ensuite, les travaux d’économie politique de Liliane Held Khawam nous montrent que nous sommes arrivés dans les années 2018 et suivantes au stade d’un coup d’état planétaire qui a permis, le plus légalement du monde, aux capitaux privés, de mettre la main sur les finances publiques des plus grandes puissances mondiales. Les États sont nettement supplantés et donc ne font plus la loi mais obéissent secrètement aux cartels financiers tout en maintenant une illusion démocratique pour que les peuples se conforment aux règles les plus absurdes visant à les faire collaborer à leur propre destruction dans des proportions décidées en haut lieu. Ariane Bilheran a forgé le concept de "démocratie totalitaire" pour rendre compte de cette dérive majeure...
Les peuples deviennent alors de simples variables d’ajustement des oligarchies financières dans une configuration nouvelle, par rapport à laquelle les prolétaires de la révolution industrielle du XIXème siècle et de la première moitié du XXème faisaient figure de presque privilégiés, puisque cette économie avait encore besoin, tout exploités que fussent ces prolétaires, de leur travail.
Désormais ils deviennent des «inutiles» comme le rappellent poétiquement Yuval Noah Harari et Michel Alexandre, autre adepte des charmes du transhumanisme. Qu'allons-nous en faire, se demandent-ils en pinçant le nez?
L’eugénisme bat son plein et ouvertement, car en régime néolibéral, l’économie commande et le reste suit, bon gré, mal gré. Une caste de privilégiés décomplexés - les "nomades de luxe" (6) - se détache nettement au-dessus des masses structurellement dépendantes du revenu minimum universel, raréfaction du travail oblige. Et tandis que les "nomades de luxe" sont partout chez eux, ceux qui sont "nés quelque part" font figure de bouseux destinés à suivre ou à périr sans plus, comme on l’a constaté lors des distributions de Rivotril sans préavis aux familles dans les Ehpads; lors des velléités d’accorder le droit à "l’avortement" (en fait à l’infanticide) jusqu’au 9ème mois de grossesse aux femmes "en situation de détresse psychosociale" et de loi sur le "droit à mourir dans la dignité" - entendez à faire pratiquer l’euthanasie - sur tout un chacun, de l’ado en proie au spleen à la mamie cancéreuse en passant par le dépressif chronique. "Ordre marchand": dixit Attali - oblige. Les non-rentables raus!!
L'ordre d'airain appelé "Nouvel ordre mondial" et annoncé comme inévitable par Nicolas Sarkozy en 2009 se met en place sous mille et un prétextes, et se charge de la répression de ceux qui n'ont pas envie d'y souscrire et qui sont impitoyablement renvoyés aux étiquettes de "fascistes" et d'"antisémites", conformément à l'inversion accusatoire toujours prisée des paranoïaques car sinon ils ne pourraient pas rester eux-mêmes dans le sentiment de leur bon droit: "protection de l'environnement" - dans les faits saccage de l'environnement - "protection de la santé" (l'OMS et son programme d'Éducation à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle - EVRAS en France - fait de l'initiation des enfants à la masturbation dès la Maternelle et au changement de sexe dès 16 ans un must sous couvert de santé! Ce qui interdit une construction psychique et morale adulte et autonome et confine les nouvelles générations dans le traumatisme d'une enfance violée et volée - tandis que la tentation eugéniste bat son plein; à ce sujet, Ariane Bilheran a bien montré la continuité du programme nazi aux États-Unis et en Union européenne via le recyclage des scientifiques nazis après la Seconde guerre mondiale dans les services secrets des nations occidentales (7). Hâtons-nous d'ajouter que sur ce plan l'URSS n'a pas été en reste. Nous ne pouvons épiloguer ici, et chacun pourra aller se documenter s'il le souhaite sur le site du Forum Economique mondial et de ses 17 Objectifs dits "de Développement durable" (ODD). L'arrière-plan militaro-génétique de cette transition majeure est à découvrir dans une vidéo qui analyse le site de la NASA dans son aspect programmatique.
Ordo ab chao
Le rappel des faits - ces faits que, dans son délire (quand il décompense) ou, le reste du temps, dans sa mauvaise foi structurelle, le psychopathe évacue - est crucial pour confirmer la thèse de la psychopathologie des exécuteurs du "Nouvel Ordre Mondial" – le nom, à lui tout seul, n'est pas garant de la plus grande humilité, on en conviendra…
Nous pouvons à présent résumer les principaux mécanismes de la psychopathologie de la paranoïa tels que les présente Ariane Bilheran; nous retiendrons ici ceux qui concernent l'exercice du pouvoir dans la sphère politique (8).
Nous avons déjà cité les plus saillants: obsession du contrôle total – mieux encore: mondial - d'une population jugée malveillante envers ses dirigeants – alors qu'elle aspire à vivre en paix en récoltant les fruits de son travail, pour en transmettre ce que de droit aux futures générations; sentiments de grandiosité avec l'idée d'une "mission" sacrée – voire divine ou diabolique, c'est selon – à remplir, car on est l'homme ou le groupe désigné par le Destin ou Dieu ou Baphomet… À cet effet (on reconnaîtra ici un fonctionnement de type sectaire avec une charge mystico-politique pour des "élites" providentielles accédant au secret des dieux, au contraire des masses ignorantes et suivistes: ce sont les formes de pensée des groupuscules ésotéristes issus des gnoses païennes et néo-païennes); une conception eschatologique de l'Histoire, dans laquelle le Mal se trouve justifié par le Bien qui en sortira, les morts se comptassent-ils par milliards dans la phase intermédiaire et purificatrice.
Notons ici la mise en œuvre de sacrifices humains de masse: génocides ouverts dans des guerres artificiellement provoquées, mais également génocides larvés via les politiques de harcèlement et de démoralisation instillées par les mass médias, la pollution des sols et de l'air, rendant la nourriture toxique, les importations massives de populations dont la culture invite à la violence car ils ne connaissent, dans les traditions de leur pays, que les rapports de force et "se payent sur la bête" quand l'occasion s'en présente; la dépénalisation des drogues, l'addiction au sexe, l'individualisme et l'isolement liés à la pratique addictive des applications TikTok et assimilées, avec l'encouragement au harcèlement inter-individuel que ces applications favorisent, et les dépressions et les suicides d'enfants et d'adolescents qui s'ensuivent. Ordo ab chao est la devise des satanistes mondialistes de tous les temps.
Dans ce cadre, se trouvent dès le principe justifiés la violence et le mensonge, avec, précise Ariane Bilheran, "l'intention de nuire" (9) – ce qui rend les gouvernants responsables pénalement, contrairement à ce que la notion de psychopathologie pouvait laisser entendre pour le non-initié. En effet, le paranoïaque démontre une capacité à se servir, consciemment et délibérément de tous les moyens lui permettant d'atteindre son but: "l'intimidation et la menace" (9), "l'instrumentalisation et la manipulation" (9) et, si ces moyens ne marchent pas, l'élimination pure et simple des récalcitrants.
Le ciblage des "antivaxx" - dénomination mensongère, car la totalité ou quasi- telle de ceux qui refusaient les injections expérimentales étaient des gens vaccinés dès leur petite enfance en suivant les recommandations des médecins - exclus des soins médicaux, interdits des trains, des hôpitaux, des piscines, des stades, des restaurants et de tous les lieux publics en général, offrit à la rescapée de la Shoah Vera Sharav, l’occasion de rappeler avec brio dans son documentaire en cinq parties sus-cité: que la Shoah n’avait pas commencé par les chambres à gaz mais par la désignation de populations "indésirables", les Juifs, les Tsiganes, les homosexuels, les dissidents politiques- et par un hygiénisme obsessionnel que l’on retrouve, selon elle - mais également selon les médecins infectiologues restés indépendants - dans les mesures dites "anti-Covid". Et c’est à partir de ce ciblage de boucs émissaires sans protestation des masses que la machine génocidaire s’était mise à tourner à plein rendement. Désormais, nous savons que les leçons du passé n’ont pas été apprises.
Le rabâchage des élus et de leurs sbires sur le "complotisme" des "antivaxx" équivaut à ce même ciblage pour légitimer et enclencher des opérations de liquidation de masse.
Un pouvoir discrétionnaire... mais fort de l'art de mentir à tous les niveaux.
En conclusion, la paranoïa est cette tournure d'esprit particulière qui est nécessaire à une minorité mal intentionnée pour exercer sans défaillir son pouvoir discrétionnaire sur une majorité soupçonnée dès le principe de vouloir du mal à ses chefs. Cette lecture persécutoire des intentions du peuple est une projection des propres intentions des dirigeants au pouvoir. La paranoïa conduit donc à refuser de se sentir coupable de la moindre injustice vis-à-vis de cette majorité, et au contraire, à justifier l’oppression qu’on exerce sur elle par la proclamation de la nuisance de cette majorité et de son incapacité à se gouverner par elle-même. Nuisance écologique, d’où réduction du droit de respirer – obligation de porter des masques en population générale; interdiction de se nourrir, de se soigner et de se déplacer librement; mais aussi nuisance idéologique d’où accusation de complotisme, de sectarisme, d’antisémitisme et d’extrême-droitisme au cas où la privation des libertés fondamentales serait dénoncée comme abusive. La censure légalisée des œuvres romanesques subversives ou vues comme telles par les élites auto-proclamées (10) vient mettre bon ordre dans les velléités de certains de s’exonérer du 11ème Commandement: "Comme ton gouvernement tu penseras et diras."
Cette absence de scrupules moraux des hommes et des femmes au pouvoir complète le renversement des responsabilités en matière de victimation, autrement dit l'inversion accusatoire dont nous avons déjà parlé et qui est un autre mécanisme psychopathologique de la paranoïa des gouvernants selon Ariane Bilheran. Le paranoïaque accuse sa victime de le persécuter tout en la harcelant copieusement. Les profils paranoïaques sont donc particulièrement recherchés, surtout quand la mégalomanie s’y ajoute, mettant les apprentis Néron en position de satisfaire leur grandiosité sans coup férir… Or, les gouvernants sont toujours placés à ces postes pour permettre aux plus riches de conserver leurs privilèges, il faut bien le dire, exorbitants et indus. Et dès lors, il faut qu’ils soient atteints de paranoïa sinon ils n'accompliraient pas leur œuvre maléfique correctement.
Dans 1984 Georges Orwell indique, à ce propos, que le pouvoir totalitaire n’apprécie pas les adeptes sincères du système car ils mettent une part trop personnelle d’eux-mêmes dans leur adhésion: ils se montrent en effet de libres disciples du régime, ce qui déroge à l’injonction de l’obéissance de cadavre qui est attendue de chacun. Le disciple enthousiaste du régime se voit donc «vaporisé» dès que possible car il donne le mauvais exemple aux autres. L’abnégation de soi doit être totale et définitive pour être en phase avec le système totalitaire. Ajoutons que le meurtre de masse est l’intention première et la conclusion logique du harcèlement omniprésent et ubiquitaire des êtres humains par le régime paranoïaque qui n’existe en réalité que pour assouvir un programme eugéniste et son attaque génocidaire. Là encore, pour que le projet réussisse, il faut que les masses adhèrent à la thèse de l’ennemi de l’intérieur et qu’elles acceptent ainsi de geler en elles toute forme d’empathie envers les persécutés par la police, l’armée et la Justice officielles.
Un peuple infantilisé et soumis
La paranoïa des dirigeants diffuse dans le corps social, via les mass-média, les maisons d’édition, les universités, le cinéma, la culture de masse, internet, l’idéologie dominante et son formatage permanent. Nous renvoyons ici aux travaux sur l’ingénierie sociale (11). Cf. aussi les normes idéologico-esthétiques du réalisme socialiste en régimes totalitaires communistes chinois et soviétique.
Il est sidérant pour les masses de penser que leurs gouvernants, auxquels ils se fient souvent comme des enfants dépendants de leurs parents pour leur survie, ne leur veulent pas du bien. Freud nous a enseigné que les couches les plus archaïques de la psychè humaine ne disparaissaient jamais mais subsistaient, enfouies dans l'inconscient de chacun d'entre nous, comme les couches des constructions anciennes des villes qui se trouvent au-dessous des constructions modernes, et peuvent être retrouvées par des fouilles archéologiques. Lorsque l'adversité individuelle ou collective se présente, il n'est pas rare de constater une régression infantile chez nombre d'adultes. Ariane Bilheran a forgé en 2007 le concept de "groupe ou de collectif régressé" pour désigner la contagion des groupes et des sociétés par des formes pré-rationnelles de pensée et de conduites collectives.
En 1963, le psychologue social Stanley Milgram, dans son célèbre ouvrage Soumission à l'autorité a montré que 65% des adultes avaient un profil de suivistes inconditionnels de l'autorité instituée. En 2010, le documentariste Christophe Nick dans son film de télé-réalité "Le Jeu de la mort" a démontré que ce chiffre plafonnait désormais à 80%, l'autorité n'étant plus un scientifique en blouse blanche mais une simple animatrice de télévision! L'expérience a été retracée dans L'Expérience extrême (12) de Christophe Nick et Michel Eltchaninoff avec les contributions scientifiques de Jean-Léon Beauvois (1943-2020, psychologue chercheur et universitaire français, auteur de Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens, qui est devenu un succès d'édition), de Didier Courbet (Docteur en Sciences de la Communication, Psychologue de la Santé, Professeur des Universités et chercheur à l'Université d'Aix- Marseille, directeur de l'équipe de recherche sur les Expériences Numériques et Usages des Médias à l'IMSIC) et de Dominique Oberlé (Professeure émérite de Psychologie sociale à Paris Ouest Nanterre La Défense et membre du Laboratoire Parisien en Psychologie sociale) - éloquent témoignage de la force de l'ingénierie sociale et de la fiabilité de l'analyse d'Ariane Bilheran! Le mimétisme qui est omniprésent chez les humains, animaux sociaux, prend la place du Surmoi moral et fait du conformisme une vertu. Il faut se fondre dans la masse et lyncher les dissidents comme y invitent les pouvoirs en place, pour éviter de perdre la protection des plus forts qui désormais font loi, y compris lorsque la Loi symbolique qui encourage l'autonomie de pensée et d'action est remplacée par une série de mesures tatillonnes et absurdes destinées à vérifier la servilité des sujets. Tout écart aux nomes et à la propagande est réprimé et conspué.
De la sidération au déni
Dans ce cadre le déni collectif du réel se met en place en écho au "système clos comme les filets d'une toile d'araignée" (13) qui tient désormais lieu de société.
"Le déni est un mécanisme de défense qui consiste en l'impossibilité de se représenter une situation vécue comme trop dangereuse ou trop douloureuse pour le Moi."
Ariane Bilheran, Psychopathologie de la paranoïa, p. 39.
Du harcèlement? Où voyez-vous du harcèlement? Du chantage d'État au travail, aux soins, aux loisirs, à l'accès libre aux voyages, en échange de l'acceptation d'injections expérimentales? Mais non: il s'agit de notre santé et de notre sécurité voyons! Et si l'on insiste pour dire que le statisticien Pierre Chaillot a démontré, chiffres à l'appui (14), qu'aucune pandémie n'avait eu lieu en 2020 ou que les effets secondaires des injections expérimentales étaient catastrophiques, les écoutilles se ferment… La massification de la société induit le clivage de la conscience (15) qui n'arrive plus à prendre en charge les éléments disruptifs du réel, sont tels tous ceux qui privent l'individu de l'illusion bienfaisante de l'État maternel dont il ne faut quitter le giron à aucun prix. Les évocations par trop inquiétantes du réel sont vécues comme des agressions et des culpabilisations par ceux qui refusent d'en entendre parler. Les auteurs de ces constats sont perçus comme des agitateurs et des ennemis de la société, des porteurs d'une "idéologie nauséabonde" (extrême-droite, antisémite, fasciste etc…) dont la seule mention vous fait clouer au pilori. Les masses hurlent avec les loups afin de montrer patte blanche aux pouvoirs en place.
C’est ici que les travaux d’Ariane Bilheran s’avèrent particulièrement féconds en rencontrant à notre avis - car elle-même ne le cite pas dans ce livre - ceux de René Girard, le grand anthropologue de la culture et sa fameuse thèse sur la nature sacrificielle des sociétés humaines (16). On sait que René Girard avait démontré une originalité singulière en relevant que le Christ avait, au contraire des coutumes les mieux ancrées, révélé à la face du monde l'innocence des victimes de la violence collective et, par suite, l'impasse de la spirale de la violence touchant tel groupe stigmatisé puis tel autre, puis tel autre dans une inflation rendue d'autant plus inquiétante que rien ne lui semblait pouvoir l'arrêter, ni même l'introduction de la possibilité d'une conflagration nucléaire. René Girard était devenu sulfureux, contestant l'efficacité réelle de la "dissuasion nucléaire"… Force est de constater aujourd'hui que nos gouvernants n'hésitent pas à opérer une montée aux extrêmes, que ce soit du côté de l'OTAN ou de celui des BRICS. La folie paranoïaque n'a que faire des considérations de prudence!!! Elle serait plutôt adepte des hors piste…
Sortir de l'engrenage de la violence?
L’étude de la psychopathologie de la paranoïa que réalise Ariane Bilheran et qu’elle nous recommande dans sa Postface de 2024 de compléter par la Psychopathologie du totalitarisme nous invite à méditer profondément sur notre propre responsabilité collective dans les maux qui nous affligent; et si le totalitarisme était, en fin de compte, une servitude volontaire? Et si nous avions à débusquer, chacun pour son propre compte et tous ensemble, l’être démissionnaire qui sommeille au fond de nous et qui fait le lit de la tyrannie d’une petite clique de milliardaires psychopathes sur les milliards que nous sommes? Pour cela, il faut commencer par retourner sur nos pas et savoir d'où nous venons et comment le pouvoir nous enchaîne avec notre consentement. Cheminement qui est celui d'un sevrage à l'addiction à la servitude volontaire. La question – la seule - n'est pas de savoir si nous le pouvons, mais si nous le voulons. Il dépend de nous et de nous seuls de devenir ou non des disciples de la vérité et de la sauvegarde de notre dignité et de nos droits naturels mis à mal.
Le livre d'Ariane Bilheran ne manque pas de pistes (17) et nous allons faire un tour d'horizon de celles-ci, sans viser l'exhaustivité, en y ajoutant quelques réflexions personnelles.
Reprendre pied dans le réel
Le but étant de ne pas céder à l'hypnose et à l'hystérie collectives, et de se prémunir soi-même et son entourage contre ce qu'Ariane Bilheran appelle "le déferlement totalitaire" (concept qu'elle a forgé en août 2020 pour décrire la situation), il faut d'abord faire appel à sa raison et, pour les professionnels, "s'informer et s'instruire quant aux procédés de manipulation" (18).
Mais ce conseil est évidemment bon à suivre pour tout citoyen désireux de maintenir son autonomie de pensée et d'action dans un contexte difficile… Lire attentivement et s'informer selon diverses sources indépendantes des pouvoirs en place et fiables, qu'elles soient scientifiques, médicales, militaires, (la revue en ligne Profession Gendarme est un excellent médium à cet égard) - politiques, économiques… Cela afin de ne plus être la victime aveugle et consentante des opérations psychologiques par lesquelles les autorités mènent leur guerre de 5ème génération, faite avant tout de désinformation, de manipulation des émotions et de destruction de l'esprit critique des citoyens.
Cultiver un pragmatisme de bon aloi
Cela revient à vouloir sortir de la sidération et du déni quant à la réalité de la malveillance des gouvernants au vu du mal que leurs mesures iniques font à la société civile. Se souvenir que les Juifs qui ont échappé aux rafles sous les régimes nazi et vichyste avaient refusé de porter l'étoile jaune, comprenant très vite qu'ils se plaçaient, en l'acceptant par un loyalisme et un légalisme naïfs, en position de cibles pour les autorités. Non seulement cela, mais, comme le rappelle Bruno Bettelheim dans Survivre (19), les pères famille qui, au contraire du père d'Anne Frank, avaient choisi d'éclater leurs familles afin de donner à leurs membres la chance de passer inaperçus dans la population générale avaient fait preuve de discernement, là où d'autres, moins avisés, avaient tenu à rassembler au même endroit tous leurs proches, et s'étaient fait prendre comme des rats dans un piège. Autrement dit, loin d'appliquer les consignes gouvernementales, les premiers avaient fait preuve de sagesse et d'ingéniosité. Ces exemples nous prouvent l'importance de la créativité et du pragmatisme lorsque reviennent les temps sombres.
Protéger les enfants
Penser à protéger les plus faibles: les enfants tout d'abord, en les soustrayant aux programmes de l'OMS en se solidarisant entre parents face à aux enseignants lorsque ceux-ci s'empressent de mettre à exécution des consignes pseudo-pédagogiques, en réalité perverses et pédocriminelles. Rejoindre, notamment, l'association ONEST dirigée par l'avocate Virginie de Araujo-Recchia et regroupant des experts de la Psychologie de l'Enfant et de la Pédiatrie.
Comprendre le fonctionnement des paranoïaques
Comprendre les motivations et le fonctionnement des dirigeants psychopathes afin de perdre toute illusion de sauver sa vie et ses intérêts en leur faisant confiance.
Dans la logique psychopathologique, la finalité des politiques menées est l'autodestruction des psychopathes, dût-elle conduire à l'autodestruction de sociétés humaines entières. Cette conclusion peut sembler paradoxale car contradictoire avec l'anéantissement des masses avant tout recherché par les psychopathes. Cependant le noyau mélancolique existant dans la psychè du paranoïaque confère aux actions de celui-ci une dimension suicidaire, le plus souvent occultée par l'exhibition mégalomanique. Le côté suicidaire est en réalité impulsé par l'inconscient qui pousse l'individu à tenter de surmonter les impasses du stade oral pour progresser jusqu'aux stades suivants, notamment celui de la castration symbolique et de la perte de l'illusion d'omnipotence. Mais cette avancée ne pouvant se produire chez les psychopathes qui ne sont pas en capacité de symboliser leurs conflits intra-psychiques et de les sublimer, elle ne peut que déboucher sur un désir et un fantasme de suicide. C'est ce désir, couplé à la mégalomanie, qui pousse le paranoïaque à vouloir entraîner le plus de gens possible dans la mort. Il faut donc en être conscient et cesser de surestimer le pouvoir des paranoïaques, qui ne réside, pour l'essentiel que dans la fascination qu'ils provoquent chez les personnes les plus fragiles psychologiquement.
Se ressourcer aux textes fondateurs
Ariane Bilheran invite à nourrir nos imaginaires par les textes fondateurs: mythes, philosophie, poésie, Bible… C'est la meilleure façon de nous ressourcer dans la mémoire longue des civilisations et d'échapper aux velléités de céder aux fantasmes sur "l'homme nouveau", sans racines, sans culture, sans mémoire et sans Histoire. Tous les régimes totalitaires falsifient, outre la perception du réel présent et le langage, la mémoire et l'Histoire des peuples pour satisfaire un fantasme d'auto-engendrement qui ferait table rase du passé et rendrait l'humanité pure de miasmes indésirables – et on notera ici le retour de la centralité des thèmes hygiénistes et écologistes qui firent également les beaux jours du nazisme - ce qu'exprime précisément la notion de "Great Reset" (20)… Gardons notre mémoire, notre histoire et les généalogies fécondes de notre culture religieuse et humaniste!
Cultiver de nouvelles solidarités
Faire sécession pour survivre. Assurer notre indépendance morale et cognitive dans ce cadre devrait se compléter par des actes assurant notre indépendance matérielle. C'est en anticipant les ruptures dans la chaîne alimentaire artificiellement provoquées par le pouvoir pour déclencher la panique et d'éventuelles guerres civiles lui permettant d'imposer la loi martiale que la survie peut être assurée. Des solidarités nouvelles éventuellement distinctes des solidarités familiales – quand tout ou partie de nos familles ont été gangrenées par la propagande - sont à construire. À cet égard, j'aimerais nuancer le propos d'Ariane Bilheran sur la fuite des groupes pour éviter d'être à nouveau avalé par les oppositions contrôlées et les mécanismes des groupes régressés. Elle rappelle à juste titre ce qu'écrivait Hannah Arendt en 1951 (21):
"L'initiative intellectuelle, spirituelle et artistique est aussi dangereuse pour le totalitarisme que l'initiative criminelle de la populace, et l'une et l'autre sont plus dangereuses que la simple opposition politique. La persécution systématique de toutes les formes supérieures d'activité intellectuelle par les nouveaux chefs des masses a des raisons plus profondes que leur ressentiment naturel pour toute ce qu'ils ne peuvent comprendre."
Et elle commente cela en écrivant:
"Car c'est la sommes des individualités libres qui est le plus grand obstacle qui soit à la paranoïa, et non des groupes où chacun renie tout ou partie de son individualité, et qui se font aspirer, infiltrer, détourner et instrumentaliser à la moindre occasion, en particulier en période totalitaire." (22).
Si ces propos sont empreints d'une grande lucidité, il ne faut pas, à notre avis, totalement désespérer des synergies de groupe. Le groupe mature est composé de "solitaires-solidaires" (cf. Raymond Aron), c'est-à-dire de gens qui précisément ne rejoignent pas les groupes par peur de la solitude mais en vertu d'un objectif mobilisateur fort et commun. Tels furent les résistants groupés autour de De Gaulle à Londres et mettant au second plan qui leur judéité, qui leur antisémitisme d'obédience maurrassienne, qui leur communisme, pour se coaliser en vue de triompher de l'ennemi commun. Les leaders d'un tel groupe non seulement acceptent la différence mais l'encouragent en sachant que l'intelligence collective en bénéficiera et que celle-ci est supérieure aux intelligences individuelles additionnées ou éparses et désorganisées (cf. le test de l'île déserte en Psychologie sociale qui montre qu'un groupe est plus efficient que des individus pris un à un pour trouver ce qu'il faut garder par-devers soi en cas de naufrage d'un équipage sur une île déserte). Toutefois, ne méconnaissons pas la difficulté pour le groupe de fonctionner de manière saine, surtout quand le leader se trouve confronté à la nécessité de repérer et d'exclure des infiltrés. Là encore des lectures (23) et des formations ad hoc pourraient aplanir bien des difficultés. Peut-être celles-ci viendront-elles avec l'augmentation de la pression totalitaire et la nécessité d'y faire face avec un maximum de moyens humains et techniques individuels et collectifs?
Refuser le racisme et l'antisémitisme
Ne pas nourrir l'aigreur et notamment l'antisémitisme et le racisme; ces deux catégorisations délétères connaissent une flambée spectaculaire sur les réseaux sociaux dissidents et dans nos sociétés; ceux qui s'y livrent ne comprennent pas, d'une part, que le courage et l'honnêteté sont répartis dans tous les groupes humains et qu'il faut faire crédit à chacun jusqu'à ce qu'il nous démontre que nous avions tort; nous observons déjà que des individus appartenant à tous les peuples, à toutes les religions sans exception, ont dénoncé, partout dans le monde, au péril de leur vie, les agissements pervers des oligarques dans les périodes totalitaires et pré-totalitaires. D'autre part, nous retrouvons les oligarques et leurs complices également dans tous les groupes de toutes ethnies, cultures et religions. Enfin, les provocations et les crimes racistes et antisémites sont prisés par les oligarques car ils divisent les peuples, les affaiblissent et déconsidèrent les Résistants aux yeux des classes moyennes, majoritaires, en les faisant passer pour des fascistes et des terroristes.
Acquérir et développer quelques vertus primordiales
Apprendre à évaluer et à cultiver les qualités essentielles d'un résistant au totalitarisme: la capacité à rester seul – notamment au moment des flambées de la pulsion de lynchage dans les masses; le discernement et l'esprit critique; la maîtrise de soi et de sa parole, la générosité non ostentatoire, le courage qui n'est pas la témérité irréfléchie et donc sans stratégie - mais le fait d'agir en vue du Bien en prenant certains risques calculés avec discernement; la persévérance malgré l'adversité, l'altruisme, la solidarité. À cet égard, relire les témoignages sur les Justes des nations et les méditer sera salutaire. Car nombre de ces vertus peuvent être cultivées et se développer chez chacun de nous. Il suffit de vouloir s'y investir… Pour le courage, par exemple, celui-ci augmente avec les "retours sur investissement" qui se produisent quand on prend des risques calculés: des policiers et des gendarmes vous remercient de les avoir réinformés par exemple, quand ils ne vous citent pas directement l'exemple des Justes des nations, comme cela m'est arrivé…; des hospitaliers vous confient que dans leur service "personne n'a été vacciné" et pour cause: on a vu affluer les cas de myocardites suite aux injections expérimentales…
Cultiver les 3 H: humilité, humour, humanité
Se prémunir à la fois contre les faux espoirs distillés par les faux résistants de l'opposition contrôlée et contre le désespoir. Ne pas oublier que les termes d'humour et d'humilité ont la même racine – humus, la terre – que le terme d'humain. Cultiver l'humour et même le sens de l'autodérision qui aident à supporter l'adversité et souvent brisent la glace entre inconnus, les faisant se reconnaître de la même espèce et leur permettant de fraterniser… Les paranoïaques, c'est bien connu, manquent totalement d'humour et d'humanité... Précisément parce qu'ils manquent d'humilité. Retrouver le sens de notre commune appartenance à l'humanité une est de bonne prophylaxie quand cette humanité est brutalisée et animalisée par des psychopathes. Relisons Rhinocéros d'Eugène Ionesco et Ubu roi d'Alfred Jarry …
Se mettre à la place des suivistes pour les désamorcer
Enfin ne pas méconnaître le fait que, parmi les exécuteurs des basses œuvres des psychopathes, la majorité ne sont pas des sadiques pervers mais de simples suivistes. Dans les camps nazis, durant la Seconde guerre mondiale, il fallait parfois se mettre à la place des gardiens des camps pour ne pas susciter un regain de répression de leur part, non par cruauté mais pour ne pas avoir de problèmes avec leur hiérarchie. Ce trait a été relevé par de nombreux survivants. Il ne s'agit pas de se montrer agressif ou méprisant avec les suivistes mais de se contenter de refuser calmement telle ou telle mesure aberrante en n'expliquant pas ou en disant, quand on vous demande de vous justifier: "ce serait trop long à expliquer." En contexte néolibéral, les employés sont notés en permanence et redoutent la mauvaise note. Leur principal souci est de ne pas faire de vagues et de conserver votre estime. Et quand ce sont des représentants de grosses entreprises d'État (des mutuelles par exemple…) ou de banques qui vous intrusent en vous demandant si vous avez eu le Covid ou ce que vous voulez faire de telle somme que vous retirez de la banque, répondre: "Vous n'avez pas mieux à faire?" ou "usage personnel". La plupart des employés s'en contentent. Parfois aussi, faire le naïf peut être judicieux pour faire lâcher prise à un employé zélé.
Conclusion
Remercions Ariane Bilheran pour son travail inlassable d'exégèse des maux intimes de nos sociétés hantées par la pulsion de mort. Un seul regret: cette 3ème édition de Psychopathologie de la paranoïa ne comporte pas de bibliographie systématique ni d'index thématique en fin d'ouvrage. La bibliographie aurait permis d'offrir dans un seul regard non seulement l'étendue de la culture de l'auteur, mais aussi celle de son œuvre personnelle, nourrie d'une compétence transdisciplinaire ô combien rare de nos jours; René Girard lui aussi, féru de littérature classique – rappelons que c'est son premier livre Mensonge romantique et vérité romanesque (24) qui l'avait mis sur la piste de la rivalité mimétique comme mécanisme central dans nos sociétés, lui permettant de sortir des sentiers battus de la sociologie politique et de l'anthropologie. L'une comme l'autre nous ouvrent des perspectives diagnostiques et curatives du lien social et politique inédites et stimulantes. C'est de telles voix inclassables et prophétiques que nous avons besoin, plus que jamais, dans les temps tragiques que nous traversons.
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Notes
Bilheran, A. (2023) Psychopathologie du totalitarisme, éd. Guy Trédaniel.
Kaës, R. (2016), L'Idéologie, Paris, Dunod, P.P. p. 225.
P.P. p. 37.
P.P. p. 46.
Voir les analyses de Christophe Guilluy, par exemple La France périphérique. Comment on a sacrifié, les classes populaires, (2014) Flammarion; Le Crépuscule de la France d'en haut (2016) Flammarion, Champs-Actuel; No society. La fin de la classe moyenne occidentale (2019) Flammarion, Champs-Actuel…ou de Christopher Lasch, sociologue américain, La Révolte des élites et la trahison de la démocratie (1995), traduction française (2020), Flammarion, Champs - Essais.
Attali J. L'Homme nomade, (2003) Fayard.
Bilheran A., L'Internationale nazie (2022), Bookelis.
Cf en particulier le chapitre 5 de P.P.
Cf. P.P., p.17.
Sous le prétexte de protéger la liberté de la presse et la liberté des journalistes, ce qu'ils introduisent en réalité, c'est la censure. Cf. Media Freedom Act, adopté en mai 2024: "Lutter contre la désinformation, la «més-information» et la «mal-information», soit une affirmation factuellement vraie... mais qui nuit au narratif autorisé. Exemple: Si je dis qu'il n'y a que deux sexes, les hommes et les femmes, c'est considéré comme de la mal-information. Et oui, je risque d'être poursuivie pour avoir dit cela!
Capsule juridique 236 du 7/01/2025:Maître X L’info qui pique
Sur la censure juridique des livres :
Bernays, E. Propaganda, (1928) Editions La Découverte (2007); Harlan, V. (1974), Le Cinéma allemand selon Goebbels, éd. France-Empire; Klein, N. (2013) La Stratégie du choc, Babel - Poche.
2010, éditions Don Quichotte.
P.P., p.13.
Chaillot P. (2023) Covid 19. Ce que révèlent les chiffres officiels, fin 2023: mortalité, tests, vaccins, hôpitaux, la vérité sous nos yeux, éd. L'Artilleur.
P.P., p. 40.
On lira avec profit une excellente synthèse de l'œuvre de René Girard dans l'ouvrage de Sylvain Durain (2024), René Girard du désir à la violence, Les Éditions du Verbe Haut.
P.P., chapitre 7: "Se protéger de la paranoïa".
P.P., p. 243.
Bettelheim, B. Survivre (1979), éd. Laffont.
Grande Réinitialisation de l'humanité. On renverra ici au chapitre 3 Réinitialisation individuelle; 3.1 – Redéfinir notre humanité de Covid 19: la Grande Réinitialisation en lecture libre sur le net – cf ci-dessus, note 5.
Dans Les Origines du totalitarisme 3, Le Système totalitaire, (1995) Paris, Le Seuil.
P.P., Conclusion, p. 253.
Général Pierre de Villiers (2018), Qu'est-ce qu'un chef? Ed. Fayard.
Girard, R. Mensonge romantique et vérité romanesque (1961), éd. Grasset et Fasquelle; (2010) Fayard- Pluriel.