Bilheran, A. "Chroniques du Totalitarisme 4 - L'apogée paranoïaque", in L’Antipresse n°297.
«En réalité il n’avait rien fait. Il s’était contenté d’obéir aux ordres;
depuis quand est-ce un crime d’obéir aux ordres?
Depuis quand est-ce une vertu de se rebeller?
Depuis quand serait-ce de la décence de préférer la mort?»
Hannah Arendt, «Culpabilité organisée et responsabilité universelle», in Humanité et Terreur.
Le corps dans le système totalitaire: l’apogée paranoïaque
Dans l’hypocondrie délirante de la paranoïa, la maladie est partout, vécue comme dangereuse, mortelle, ennemie du vivant. Le malade est opposé au sain, comme l’impur au pur: ordre est donné d’éliminer (et avant cela, d’«évincer» pour reprendre le mot de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation Nationale en France, concernant les enfants non vaccinés) la partie du corps social désignée comme impure.
L’impureté est à traquer par la terreur et des méthodes radicales: la fin justifie les moyens. C’est la raison pour laquelle la «terreur est constitutive du corps politique totalitaire, tout comme l’est la légalité pour le corps politique républicain.» (H. Arendt). On pourrait tout autant dire qu’en régime totalitaire, l’illégalité est force de loi.