A. Bilheran, in Antipresse n°331 - 03 avril 2022.
Les silhouettes d’une secte occulte traversent toute l’histoire contemporaine.
Sommes-nous bien sûrs d’avoir vaincu le nazisme et refermé le dossier à Nüremberg? Comment alors avons-nous pu laisser le personnel, les techniques et les idées de ce mouvement se mettre à l’abri puis se recycler dans l’Europe de l’après-guerre? Et pourquoi suscite-t-il aujourd’hui autant de fascination et de déni?
Dans un article intitulé "Les germes d’une Internationale fasciste"[1], disponible en français dans le livre Humanité et Terreur[2], Hannah Arendt en juin 1945, annonçait "les périls de demain": alors que tout le monde criait victoire, et «plus jamais ça», sur les cendres encore fumantes de la guerre, la philosophe évoquait une internationale fasciste, infiltrée à la manière d’une secte occulte, dans les institutions supranationales de l’après-guerre. C’est dire qu’au moment même où les peuples en Europe se croyaient débarrassés de la bête immonde, nous étions déjà mis en garde, du moins pour ceux qui ne désirent pas trop s’illusionner sur la ténacité des passionnés du pouvoir.