Par Sophie DENIS, Journal des Bonnes Nouvelles :
Le propos de cet ouvrage n’est pas de critiquer les vaccins, ceux qui les prennent ou ceux qui les refusent.
Le propos de cet ouvrage n’est pas de critiquer la politique vaccinale des gouvernements mondiaux.
Il est plus ambitieux : en poussant la logique des réponses sanitaires mises en place depuis deux ans, il en dissèque les mécanismes pour mettre à nu leurs failles, leurs incohérences, leur folie et surtout l’idéologie qui se cache derrière.
Et c’est une bombe.
Indépendamment de votre statut vaccinal, il vous est sans doute arrivé, depuis deux ans, de vous interroger en public – juste vous interroger, espérant avoir une réponse fiable – sur l’efficacité d’une mesure, la stratégie gouvernementale, le contenu des vaccins… pour vous entendre répondre sur un ton sec ou ironique «Pourquoi, tu es médecin ?». (Ce à quoi il faut répondre: «Et toi ?»). Non seulement je ne suis pas médecin, mais en sciences, je suis une quiche. J’ai donc bien compris que je n’avais pas droit à la parole, encore moins au doute. Quand on ne sait pas, on suit le mouvement. Comme mon interlocuteur, qui n’est guère plus avancé que moi.
Autant vous dire que cet ouvrage fait un bien fou. Parce qu’Ariane Bilheran, docteur en psychopathologie, spécialiste du totalitarisme, s’est associée à Vincent Pavan, mathématicien, spécialiste de la modélisation. Et tous les deux démontrent que la science peut (se) tromper. Surtout quand elle est dévoyée. Et elle l’a été, sciemment, afin d’imposer un totalitarisme sanitaire qui a tous les risques d’aboutir à un totalitarisme politique.
Les auteurs démontent donc les ficelles. Du côté de la science, les mathématiques se sont depuis un siècle coupées de la réalité pour basculer dans la logique pure. Leur but: créer un monde dans lequel on décide à l’avance de ce qui peut s’y produire (« ça existe, puisque je l’ai démontré »). Du coup, l’épidémiologie (utilisation des statistiques dans les questions de santé) a remplacé la médecine: son but n’est pas de soigner mais de mettre en place des modèles pour prévoir l’évolution du virus et briser la chaine de contamination. Les médecins se sont mis au pas, simples exécutants des directives de l’Etat.
Du côté du langage, on a vu l’émergence d’une novlangue, avec néologismes et termes savants, que les citoyens se sont appropriés sans les comprendre: covidisme, rassuriste, complotiste, cluster, asymptomatique. Il y a glissement de sens: par exemple la santé devient « absence de la maladie », le bien-portant « porteur sain », danger potentiel pour la communauté.
Cette instrumentalisation de la langue, appauvrie et en perte de sens, est un des bases du totalitarisme; comme la répétition en boucle d’informations identiques pour mieux hypnotiser les citoyens, l’appel aux émotions (la peur, l’empathie, la culpabilité), l’infantilisation.
Le délire paranoïaque se met alors en place. Ariane Bilheran le décrypte à l’aide de la psychopathologie, étude des troubles mentaux transposable aux phénomènes politiques: ainsi le recours aux mesures changeantes, qui créent de l’instabilité et font croire que la légalité elle aussi peut être changeante, faisant de ce qui était illégal hier la loi d’aujourd’hui. Une idéologie sanitaire est prête à dresser les populations, soumise à un délire collectif: passer de la peur d’être malade à celle d’être cas contact.
Archi-documenté, soutenu par la pensée de philosophes du totalitarisme (Hannah Arendt, Michel Foucault, Husserl) d’historiens comme Chapoutot ou de romancier comme Orwell, Le débat interdit appuie là où ça fait mal, en démontrant comment le pouvoir s’est emparé d’une épidémie pour légitimer un régime totalitaire.
« Nous sommes en train de construire un monde dangereux » avait prédit Albert Jacquard en 1990. Nous y sommes. En espérant que la clairvoyance, à laquelle contribue ce livre, nous permettra d’éviter le pire. Car, comme le disait Soljenitsyne: « A moutons dociles, loups gloutons »!