La Lucarne, d'Ariane Bilheran, in Antipresse 411 - 15 octobre 2023.
Notre époque souffre d’un appauvrissement de l’imaginaire. La dérive totalitaire rétrécit notre rapport à l’espace (ex.: confinements, réductions des déplacements, sous couvert de différentes idéologies) et au temps (ex.: explosion de notre rapport à l’immédiateté, sous l’influence du capitalisme de la consommation et des écrans). Au contraire, l’imaginaire est cette fonction psychique qui nous permet d’ouvrir de nouveaux horizons et de naviguer à travers les siècles. J’ai pu démontrer dans mes recherches en psychologie que notre sécurité intérieure ne se déploie que sur l’amplitude de notre imaginaire[1]. L’équation est simple: «Plus de totalitarisme égale moins d’imaginaire. Moins d’imaginaire égale plus de totalitarisme». C’est aussi la raison pour laquelle la littérature, du moins celle qui est l’endroit de l’imaginaire donc de l’expression libérée de l’asservissement idéologique, déplaît tant aux pouvoirs totalitaires.