A. Bilheran, S. Barthélémy, J.-L. Pedinielli, "L'hyperdatation" et sa fonction défensive dans la psychose", in Annales Médico-Psychologiques, 2008.
La psychose manifeste une appréhension singulière du temps, qui se caractérise dans une difficulté à inscrire une temporalité propre au récit, notamment dans des phénomènes d’absence de datation ou de datation à outrance. Cette datation à outrance de certains récits psychotiques est étudiée ici à travers le concept d’«hyperdatation» proposé par les auteurs qui s’interrogent sur sa fonction psychique. La méthodologie est qualitative et se fonde sur la présentation de deux cas cliniques, l’un de schizophrénie, l’autre de manie. Chacun des cas illustre l’hyperdatation comme expression d’un mécanisme de défense spécifique (isolation dans la schizophrénie, discontinuité et omnipotence dans la manie), traduisant une difficile gestion d’affects traumatiques liés aux événements datés. L’hyperdatation, malgré l’apparence de chronologie, ne permet pas l’historicisation du récit dans une mise en intrigue, et manifeste une temporalité figée qui ne peut s’inscrire dans ce que les auteurs ont conceptualisé comme «temporalité sociale».