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Interview sur le harcèlement en entreprise

Dernière mise à jour : 8 juil.

23 avril 2012


Nouvelle interview d'Ariane Bilheran, par le magazine ELLE, sur le harcèlement en entreprise, décrivant les conduites à tenir en interne, notamment pour les RH, suite à une plainte de harcèlement.


Ariane Bilheran, Psychologue, consultante en entreprise, gérante de la société Sémiode, auteure de Harcèlement. Famille, institution, entreprise (Armand Colin 2009) Harcèlement en entreprise (Armand Colin 2010)


D’abord, il faut améliorer la formation des personnes qui sont confrontées à des cas de plainte pour harcèlement moral, comme les ressources humaines. Car la France accuse un certain retard. Ces cas sont traités beaucoup trop tardivement, avec une fâcheuse tendance à étouffer les affaires, qui finissent par prendre des proportions sordides, lesquelles auraient pu être évitées.


Ensuite, les entreprises doivent apprendre à gérer ces situations et réagir plus rapidement lorsque le lien social dysfonctionne. Il faut protéger la personne qui émet la plainte dans l’entreprise, et savoir sanctionner.

En amont, codifier en interne « la prise en charge d’une plainte » est essentiel. Actuellement, c’est souvent la panique, lorsque cela se produit. La méthode : faire intervenir quelqu’un d’extérieur à l’entreprise et adopter une position de neutralité, tant que rien n’est clairement identifié.

Cela peut arriver dans toutes les entreprises. Par ailleurs, ces affaires sont souvent très complexes. Ce n’est pas parce qu’il y a plainte, qu’il y a réalité de la plainte. Les cas de harcèlement moral répondent à des critères précis et ne doivent pas être confondus avec d’autres formes de violences psychologiques ou de conflits. Autrement dit, dire qu’on est harcelé ne signifie pas nécessairement qu’on l’est. Il arrive aussi que des managers soient harcelés par leurs équipes... Le harcèlement ne peut se réduire à une approche simpliste bourreau/victime et il impacte toujours le collectif de travail.


Le harcèlement sexuel est encore bien plus tabou. Les victimes ont souvent honte et préfèrent quitter l’entreprise, plutôt que de le signaler en interne. Il m’est arrivé[e] de rencontrer des femmes sans cesse humiliées, qui répétaient : « Ce n’est pas grave » et préféraient s’enfuir. Il faut plus de formation et de prévention dans ce domaine.


Propos recueillis par Charlotte Lazimi

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