Bilheran, A. "Les "Standards pour l'éducation sexuelle en Europe" de l'OMS et "l'éducation sexuelle": diagnostic du problème", entretien d'Ariane Bilheran dans le magazine français "Putsch Media", 30 octobre 2023.
Comment les témoignages des survivants des abus rituels et des expériences traumatiques liées à la sexualité influencent-ils le débat sur l’éducation sexuelle ?
Tout d’abord, parce que les médias de masse en Belgique ont accusé des associations de protection de l’enfance et moi-même d’être «adeptes des théories pédocriminelles».
Ce ne sont pas des théories, les réseaux pédophiles existent. Un pédophile est rarement un prédateur isolé. Qui produit les vidéos de viols d’enfants? Des prédateurs isolés?
Il est troublant qu’un média comme la RTBF, surtout en Belgique, nie l’existence des réseaux pédophiles/pédocriminels, surtout quand ce propre média en fait état dans d’autres articles!
On nous rétorque que cette «éducation sexuelle» serait faite pour protéger les enfants des agresseurs pédophiles.Il y a, dans les faits, quelques modules de prévention, mais qui s’inscrivent dans tout ce corpus qui affirme qu’il y aurait une sexualité chez l’enfant, et l’incite au «plaisir» sexuel.
J’ai donc voulu en avoir le cœur net et suis allée interviewer la tête de proue qui organise la libération de la parole des survivants des réseaux pédophiles, pour savoir ce qu’ils en pensent, eux qui ont été transgressés et abusés enfants. Je précise que nous avons aujourd’hui 50 témoignages de survivants, mais qu’il en arrive tous les jours davantage. Voici un extrait de l’interview d’Anneke Lucas, qui vit à New York et est une survivante de réseau pédophile en Belgique justement.
« Avec la «pédagogie sexuelle» et «l’éducation sexuelle» dans les écoles, les enfants sont vus comme des êtres sexualisés. C’est de l’abus généralisé d’enfant. Les «pédagogues» initient les enfants à la sexualité, leur disent comment se toucher ; ces programmes parlent du plaisir et du droit au plaisir. Il est évident que la suite sera de dire que les enfants peuvent consentir à une sexualité avec un adulte, que c’est leur «droit». Dans la «philosophie pédophile», les prédateurs différencient un viol avec violence et un viol par séduction et manipulation (et dans ce cas, ils nomment cela de «l’amour»)… Le critère est le «plaisir» de l’enfant. Or, des enfants entraînés pour être des esclaves sexuels ont une jouissance physique. Ils subissent parce qu’il n’y a pas le choix, dans un état figé de sidération, mais pour surmonter la terreur, le corps enclenche une réaction mécanique [Note d’A. B.: des mécanismes similaires ont été constatés sous la torture].
Des enfants abusés cherchent à satisfaire les désirs de leurs agresseurs: si ces derniers désirent que l’enfant paraisse éprouver du plaisir, l’enfant s’y conformera. L’exposition à la pornographie crée du traumatisme puis de l’addiction, et des comportements transgresseurs par imitation. «L’éducation sexuelle», c’est la fabrication en masse de futurs pédophiles.
Dans cet agenda, on inverse la culpabilité: la victime est coupable de se plaindre. Il existe une propagande de négation des abus rituels, et des méthodes d’invisibilisation systématique de ceux qui parlent avec honnêteté. Il nous faut insister sur un point: lorsque tu as franchi la barrière, en tant qu’ancienne victime, et que tu es devenu agresseur, il est très difficile de guérir. Beaucoup de pédophiles savent qu’ils étaient victimes en tant qu’enfants, mais l’utilisent comme une justification. Cet apitoiement sur le sort des pédophiles fait perdre le sens commun. Il n’y a pas de demi-mesure: ou bien tu es assez fort pour protéger l’innocence, ou bien tu es trop faible.
Beaucoup de gens n’ont pas le courage de protéger l’innocence. Quand ils vont apprendre que ces notoriétés, ces artistes, stars, personnalités politiques sont des pédophiles, est-ce qu’ils vont l’accepter? Le conditionnement de masse, avec ses influenceurs nous dit: au fond, ce n’est pas grave... Les anciennes victimes devenues transgresseurs banalisent aussi ces actes: elles n’ont jamais pris leur responsabilité.»
50 témoignages de survivants des abus rituels dans les milieux de pouvoir
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