Note de lecture sur Psychopathologie du totalitarisme dans la revue Éléments par Rémi Soulié.
Si Platon et Aristote, selon Pascal, « ont écrit de politique, c’était comme pour régler un hôpital de fous ». Encore Pascal ne croyait-il pas si bien dire faute d’avoir connu le totalitarisme, dont la distinction canonique avec la démocratie dite libérale et représentative paraît de plus en plus difficile à maintenir pour Ariane Bilheran, normalienne, philosophe, psychologue clinicienne.
Pour comprendre le déploiement contagieux de la folie totalitaire dont le covidisme fut l’aubaine accélératrice, elle se réfère notamment à Hannah Arendt qui définit le totalitarisme comme « l’ambition d’une domination totale, internationale dans son organisation, universelle dans son but idéologique et planétaire dans ses aspirations politiques », et à Sigmund Freud, qui montre comment la paranoïa et la perversion sont en l’occurrence toujours à la manœuvre. Sa démonstration est implacable. Les oligarques fous du mondialisme ont « mené une attaque en règle des quatre piliers de la civilisation pour faire régresser les psychismes avant le complexe d’Œdipe, à coups de martelage, de propagande et de passages à l’acte » : l’interdit du meurtre (absence de soins des malades, mort sociale des réfractaires à l’injection), l’interdit de l’inceste (« confusion psychique des places », où les adultes se déchargent de leurs angoisses sur les enfants), la différence des générations (c’est aux plus jeunes de se sacrifier pour les plus âgés), la différence des sexes (« idéologie de l’indéfini et du non délimité »). Chacun est ainsi placé dans une insécurité psychique maximale, coupable en puissance et en acte, vulnérable à toutes les manipulations et expérimentations orchestrées par des pervers, seuls innocents du drame théâtral. Nul hasard à ce qu’Ariane Bilheran se réfère aux écrivains – André Suarès, Arthur Koestler, Stefan Zweig, Soljenitsyne – qui savent toujours de quoi il retourne.
Un livre nécessaire.