3 décembre 2008
Noël était à l’origine une fête païenne, célébrant le solstice d’hiver et le retour prochain du soleil. Elle célébrait la fertilité, la maternité, la procréation. Puis Noël devint une fête chrétienne liée à la Nativité.
Le don de soi
Si l’on creuse davantage, le soleil dispense sa lumière à tous, sans attendre de réciprocité. Il est d’une générosité infinie. De la même façon, le Christ est le symbole du don absolu de soi.
La renaissance
Or, Noël, c’est à la fois de la fête de la naissance/renaissance, et la fête du don. Á Rome, la renaissance était surtout la renaissance de la société, et la fête des Sigillaires (qui nous a donné la Saint-Sylvestre) était l’occasion, au sein des jours consacrés aux Saturnales, d’inverser les rôles : les maîtres devenaient des esclaves et vice versa, pour un temps défini. C’est ainsi que pour faire renaître le monde, il faut retourner temporairement l’ordre du monde (principe de la jachère agricole). C’est ce qu’on appelle d’ailleurs une « révolution » (tour du cercle sur lui-même).
Le don/contre-don
La renaissance d’une société est donc, avec Noël, associée au don. Dans les traditions, il était de coutume de servir un repas au premier pauvre croisé le jour de Noël, par exemple. Faut-il le rappeler, le don est le fondement du vivre-ensemble. Les études portées par l’anthropologue Marcel Mauss (Essai sur le don) ont mis en évidence les qualités du système don/contre-don, dans la consolidation du lien social :
La reconnaissance de l’alter ego (ce qui m’appartenait désormais t’appartient).
La mutualisation de cette reconnaissance (en acceptant le don, je crée un lien d’union avec autrui).
L’annulation de la valeur matérielle de l’objet au profit d’une valeur symbolique (c’est en cela que le don se distingue du troc, qui vise à échanger des objets de même valeur marchande, ou de la vente, qui vise à échanger l’objet contre une valeur monétaire).
Avec le don, on sort de la valeur marchande, c’est-à-dire de la matière, pour accéder à la culture et au lien social pacificateur.
Les valeurs sociales
Le don n’est pas la dette, qui s’organise autour de la culpabilité. Nul n’est tenu de rendre le don. Rendre le don, c’est accepter la valeur symbolique de l’honneur (ne pas perdre la face), selon le système donner/recevoir/rendre le présent. N’oublions pas à cet égard que le symbole chez les grecs était ce petit morceau de tesson coupé en deux lors d’un acte d’hospitalité, et partagé entre celui qui accueille et celui qui est accueilli. Si d’aventure les personnes se recroisaient, le symbole rappelait le don d’hospitalité et le possible contre-don d’hospitalité.
Noël est dans son essence une fête du don, car celui qui donne, c’est le Papa Noël, c’est-à-dire nulle personne en propre, mais une création imaginaire vouée à incarner la générosité. On sort ainsi du « Moi je » t’ai offert ceci ou cela… pour entrer dans l’espace du « On » (le « On » du Papa Noël, que personne n’a jamais croisé « en vrai »), espace exclusivement communautaire, du moins c’est ce que traduit l’esprit de Noël.