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"Soljenitsyne, littérature et transcendance", article d'Ariane Bilheran publié dans la revue suisse "Antipresse" et dans la revue française "Les Cahiers de Tinbad".

Article (en première version) publié dans L’Antipresse numéro 346 du 17 juillet 2022, dont vous trouverez ici la version améliorée, également publiée dans la revue d'art et de littérature Les Cahiers de Tinbad n°14, 11 mai 2023.


C’est comme si dans l’univers

Une force élémentaire

Redevenait la mère

De tout amour qui se perd.[1]


Tâchez d’aimer vos semblables activement et sans relâche.

À mesure de vos progrès dans l’amour, vous vous convaincrez aussi de l’existence de Dieu et de l’immortalité de votre âme.

Et si vous allez jusqu’à l’oubli total de vous-même dans l’amour du prochain, alors vous croirez à coup sûr et aucun doute ne pourra pénétrer dans votre âme.[2]



Le 1er mars 2022, l’écrivain italien Paolo Nori dénonça l’annulation par l’université de Milan-Bicocca de son cours dédié à l’écrivain russe Dostoïevski[3].. Curieux hasard, car s’il y a bien une littérature qui dénonce la tentation totalitaire, c’est celle de Dostoïevski, comme l’avait très bien compris Koestler, qui y fit d’ailleurs une allusion dans Le Zéro et l’Infini: «Le problème est de savoir si l’étudiant Raskolnikov avait le droit de tuer la vieille usurière. Il est jeune et doué; elle est vieille et absolument inutile au monde. Mais l’équation ne colle pas […] parce que Raskolnikov s’aperçoit que deux fois deux ne font pas quatre lorsque les unités mathématiques sont des êtres humains…», indique le protagoniste, ce à quoi Ivanov, cadre du Parti, répond: «Si Raskolnikov avait assassiné la vieille par ordre du Parti — par exemple, pour augmenter les fonds de grève ou pour monter une imprimerie illégale — alors l’équation collerait, et le roman, avec son problème trompeur n’aurait jamais été écrit ; et ce serait tant mieux.»


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